« C’était un homme d’un courage inébranlable, de convictions, et dont la vie a été consacrée au service des autres. Il incarnait l’essence de notre humanité », tels sont les mots du président Cyril Ramaphosa à ses concitoyens, lors d’un discours télévisé dimanche soir en hommage à l’illustre disparu.
L’archevêque anglican sud-africain, aura jusqu’au bout, joué le rôle de conscience morale de l’Afrique du Sud, en critiquant les niveaux de violence et de corruption atteints dans le pays pourtant pacifié, à cause du lien étroit entre inégalités et criminalité. « Ce n’est pas ce que nous étions sous l’apartheid », répétait-il sans se soucier du « politiquement correct ». Desmond Tutu, éternel agitateur qui a vaillamment fêté ses 90 ans en octobre 2021 à la cathédrale du Cap, ne faisait plus d’apparitions publiques ces derniers temps. Avec sa disparition, c’est la conscience morale de l’Afrique du Sud qui s’éteint.
Il restera sans doute gravé dans la mémoire de la « nation arc-en-ciel », une expression qui est le résultat de ses recherches.
Fils d’instituteur et de lavandière ayant grandi à Klerksdorp, à 150 km de Johannesburg, Desmond Tutu a été le second Sud-Africain de l’histoire à se voir décerner un Prix Nobel de la paix, en 1984. Le premier avait été remporté en 1960 par un autre homme de clergé, le révérend pacifiste Albert Luthuli, alors président du Congrès national africain de l’ANC juste avant le passage du mouvement de libération nationale à la lutte armée…
Dès sa mort, des réactions se sont multipliées en Afrique du Sud et à travers le monde. De Joe Biden à Barack Obama passant par Boris Johnson, les hommages ont été unanimes.
« Ses contributions aux luttes contre l’injustice, localement et mondialement, n’ont d’égale que la profondeur de sa réflexion sur la création d’avenirs libérateurs pour les sociétés humaines. C’était un être humain extraordinaire. Un penseur. Un leader. Un berger » , a réagi la Fondation Nelson Mandela.
Selon Cyril Ramaphosa, cette disparition symbolise un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de la nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui ont légué une Afrique du Sud libérée, une liberté dont le point de départ aura été la fin de la politique de la ségrégation raciale et l’arrivée au pouvoir du premier président noir de l’histoire du pays Nelson Mandela.
The Arch, comme il était surnommé par les Sud-Africains, a œuvré aussi à la réconciliation de l’Afrique du Sud, en présidant la commission vérité et réconciliation chargée d’enquêter sur les crimes commis sous l’apartheid. Bourreaux et donneurs d’ordre qui le souhaitent y avouent leurs crimes. En échange, d’une amnistie. Fait inédit.