S’il est clair que cela ne se fait pas encore ressentir, le prix du pain, produit de première nécessité au Cameroun pourrait augmenter dans les prochains jours. Cette réalité est à mettre à l’actif des coûts élevés à l’importation, le groupement des meuniers menacent de suspendre la distribution de la farine de blé. Et face à cette situation, le syndicat des boulangers dit ne plus pouvoirs supporter le coût de production du pain.
« Chaque année, nous subissons la hausse du prix de farine. Il y a une augmentation de 3000F qui s’annonce à l’horizon. De 19500F à 22500F c’est presque le double de prix que nous allons subir. Avec le même prix de pain, ça ne sera pas facile pour nous les boulangers ; si nous le gouvernement ne fait rien pour nous, nous allons fermer les portes », explique Lucas Yimgue, membre du bureau du Syndicat Patronal des Boulangers du Cameroun.
Le pain est une denrée très prisée au Cameroun. Ainsi, l’augmentation du prix de la farine de blé mettra en mal la population. Raison pour laquelle, le gouvernement conscient de la rareté très prochaine de la farine de blé sur le marché, veut encourager des substitutions à base de céréales et féculents locaux. Claude Ewoty Njié est pâtissier autodidacte, il propose une solution trouvée dans les épluchures de manioc.
« Nous épluchons le manioc, nous prenons le soin donc de nettoyer soigneusement la peau de manioc. Lorsqu’on la nettoie, on enlève systématiquement la petite membrane fine de dessus comme vous voyez ; lorsqu’elle est enlevée, c’est cette membrane que nous récupérons et qui fait à la longue ou à la fin, cette farine », explique l’inventeur de la farine à base d’épluchures de manioc.
Artisan camerounais, Claude Ewoty Njié produit depuis 7 ans la marque ENEC. C’est grâce à son invention qu’il a reçue le 22 janvier dernier, le prix Orijinal Challenge, ce qui, depuis lors le motive au point de rêver désormais grand.
« Penser grand, c’est-à-dire mettre sur pieds une unité industrielle à grande échelle pour produire de façon constante cette farine. Si nous venons à mettre cette unité industrielle sur pieds, nous pensons qu’actuellement où nous produisons 300 à 500KG par an, nous allons partir du simple au double », poursuit Claude Ewoty Njié.
Des solutions comme celle-ci pourraient peut-être aider à surmonter la crise de la farine de blé qui frappe le Cameroun et plusieurs pays dans le monde.
Pour tester l’importance de la farine de blé au Cameroun, il n’y a qu’à infiltrer les ménages chaque matin pour voir la composition du déjeuner ou même quand les élèves s’en vont à l’école. Les cartables de ces derniers contiennent toujours des bouts de pain qui leur servent de repas lors des périodes récréatives.