Les bus publics au Kenya, c’est une institution. On les appelle les Matatu. Ils sont très colorés et font partie du folklore de la capitale. La révolution des transports lancée dans ce pays est l’œuvre de l’entreprise suédo-kényane Opibus qui propose aujourd’hui des Matatu électriques. Le premier d’entre eux qui est sorti de l’atelier il y a quelques temps, a été employé pour un trajet-test.
« C’est une grande étape aujourd’hui car nous travaillons sur ce projet depuis longtemps. Je suis très contente », reconnaît l’ingénieure Béatrice Wanjiru avant d’ajouter que « Ces bus ont le potentiel de révolutionner les transports publics au Kenya mais aussi en Afrique en général. Ce sont des véhicules faciles à entretenir et peu coûteux à conduire, cela va faire la différence ».
L’autonomie de ces véhicules est de 120 km. Et pour assurer cette autonomie, il faut compter cinq à six heures de recharge. Pour les responsables des transports, ce projet pourrait changer le visage de Nairobi dans quelques années car le bus est le principal moyen de transport des Kenyans. La capitale kényane en compte plus de 12 000 aujourd’hui. Ces Matatu électriques pourraient non seulement améliorer la qualité de l’air mais aussi la pollution sonore qui est difficilement supportable au centre-ville.
L’aspect environnemental n’est pas le seul qui pourrait être positivement influencé par ces bus électriques car à côté de cela, il y a l’avantage économique dans un endroit où le prix du diesel atteint des sommets. Selon Félix Eningsjö, l’un des cadres d’Opibus, « le coût initial pour un bus électrique est de 100 000 dollars. Mais ensuite, vous diminuez le coût opérationnel de 60% par rapport à un Matatu classique. Cela va forcément se refléter dans les prix du transport pour les usagers. Au début, nous allons transformer les bus traditionnels en bus électriques. Mais ensuite nous développerons et créerons des bus ici, 100% kenyans ».
Selon les dernières informations, dix Matatu seront opérationnels d’ici le mois de juillet. L’entreprise prévoit une production de masse pour l’année 2023.
Signalons qu’il existe déjà quelques mototaxis électriques et même des voitures de safari électriques mais pour le gouvernement ce n’est qu’un début. Le ministre kenyan du Tourisme a déclaré que d’ici 2030, les véhicules touristiques dans les parcs nationaux devront tous être électriques. C’est une vision réalisable en ce sens que le Kenya est autosuffisant en électricité avec 90% d’énergie verte.