Tout en restant humble d’esprit, ces femmes ont décidé de changer la donne.
« À la faculté des génies civils, nous n’étions que deux femmes moi, Sadia (Une autre étudiante) mais tout le reste était des hommes, nous avons été les seules femmes dans ce domaine et les premières à obtenir les diplômes d’ingénieures civiles dans notre université », explique Fatih Mohamed Abdi ingénieure en génie civil.
Faduma Mohamed Ali quant à elle se sent à son aise dans ce domaine, mais elle tout comme les autres femmes exerçant dans ce domaine ont dû faire preuve de caractère afin de braver les obstacles et s’imposer face aux difficultés rencontrées.
Elles n’ont jamais rechigné et ne se sont jamais résolu à changer de métier.
« Ils disaient comment une fille peut elle perdre du temps à étudier le génie civil ? C’est un travail d’hommes », raconte Faduma Mohamed Ali. Même après l’obtention de son diplôme, les critiques n’ont cessé de pleuvoir : « Ils me demandaient est ce que tu es folle ? »
Des opportunités multiples.
Même si en Somalie les mentalités sont toujours figées, et que de nombreuses personnes notamment les parents désapprouvent le fait que leurs filles côtoient le secteur des hommes, certains par contre y trouvent leur compte.
« Lorsque je travaillais avec des ouvriers hommes, mes revenus étaient moindres et l’obtention des marchés étaient de plus en plus rares. Mais depuis que je travaille avec Fathi, mes revenus me permettent de joindre les deux bouts et les marchés sont plus constants. Mes vœux sont que les femmes s’y aventurent davantage pour plus d’opportunités », affirme Omar, ouvrier.
Des salaires peu conformes.
Malgré l’intégration des femmes dans le domaine du génie civil, ces dernières affirment être tout de même exposées aux inégalités au sein de leur travail.
« Les discours et les mauvaises opinions que les gens ont de nous en tant que femmes ingénieures sont ce qui me déçoit le plus témoigne l’une des femmes Iftin Mohamed 26 ans. Les hommes n’arrêtent pas de nous faire comprendre à quel point ce métier n’est pas fait pour les femmes et font preuve d’insubordination lorsqu’ils sont supervisés par l’une d’entre nous »
Les salaires sont largement différents explique la jeune femme également.
« Les femmes sont payées moins que les hommes dans la plus part des cas, notamment dans les entreprises privées »
Maçon sous la supervision de Fathi Mohamed Abdi et d’autres ingénieurs, Abukar Hussein Ibrahim semble apprécier travailler avec les femmes mais selon lui, c’est pas le cas de tous.
« Les ouvriers du bâtiment trouvent incroyable de voir une femme ingénieure superviser leur travail. Ils passent beaucoup de temps à bavarder. Ils se demandent sans cesse pourquoi une femme à ce poste et pas un homme », explique cet ouvrier de 42 ans.
Malgré leur mécontentement, ils devront pourtant s’y faire prévient Faduma Mohamed Ali.
« J’ai participé à une formation récemment et à ma grande surprise il y avait plus de 100 filles », raconte-t-elle. « C’était rare avant, maintenant les choses s’améliorent. »
Malgré tout, avec les réformes établies en Somalie sur les questions sécuritaires, Hassan Mahamed Jimale maire adjoint en charge des affaires publiques de Mogadiscio a déclaré que les autorités souhaiteraient voir davantage de jeunes filles intégrer le domaine du génie civil.
« En tant que administrateur régional, nous encourageons les femmes ingénieures. Le département chargé de l’urbanisme emploie des femmes ingénieures et nous avons une directrice adjointe », affirme-t-il
Tout de même, de plus en plus de femmes se tournent vers ce secteur qui selon elles connaîtra des réformes.