Les autres candidats en lice – Jill Stein du Parti écologiste, Chase Olivier du Parti libertarien, et Robert Kennedy, candidat indépendant – obtiennent respectivement zéro grand électeur. Depuis plus d’un siècle et demi, le pouvoir américain alterne entre les démocrates et les républicains.
Un mandat en or
La victoire écrasante de Donald Trump est d’autant plus marquante qu’elle contredit les sondages pré-électoraux qui prédisaient un duel serré entre lui et la plus jeune candidate. Il remporte le Nevada, 20 ans après la dernière victoire républicaine avec George Bush en 2004, ainsi que les États-clés de Géorgie, Caroline du Nord et Pennsylvanie. De plus, la Chambre haute du Congrès américain passe sous contrôle républicain, le parti obtenant la majorité absolue au Sénat avec 53 sièges (contre 49 en 2022). À la Chambre des représentants, dont le résultat est encore en attente, le parti républicain totalise 216 sièges contre 207 pour les démocrates, 218 étant nécessaires pour une majorité.
L’entrée en service
« Le peuple a élu son propre leader de façon pacifique, nous sommes une démocratie », a affirmé le président sortant Joe Biden lors d’un discours d’une dizaine de minutes. L’administration Trump prendra ses fonctions à partir du 20 janvier, après une période de transition dont les modalités restent à officialiser entre l’administration Biden et la future 47e administration.
Félicitations des leaders africains
« Le Zimbabwe est prêt à travailler avec vous », a tweeté le président Emmerson Mnangagwa. Le président du Nigéria a, pour sa part, exprimé son espoir de renforcer le partenariat économique entre les deux États. Donald Trump est également reconnu pour avoir soutenu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce qui a valu un message de félicitations de la part du roi Mohammed VI, qualifiant Trump d’« ami et allié de longue date ». D’autres leaders africains, comme Faure Gnassingbé, Félix Tshisekedi et Alassane Ouattara, ont salué l’élection de Trump, espérant que son mandat renforcera les liens entre leurs pays respectifs et les États-Unis.
L’économie : AGOA, Prosper Africa, Development Finance Corporation
En 2023, les États-Unis ont investi plus de 22 milliards de dollars en Afrique sous l’administration Biden. Mais Donald Trump, prônant une politique plus nationaliste, pourrait revoir cette dynamique. La Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA), adoptée en 2000 et valable jusqu’à 2025, exonère certains pays africains de taxes. Trump a déjà exprimé son souhait de ne pas renouveler cette loi. Une annulation de l’AGOA aurait un impact limité sur les économies africaines, estime le groupe Brookings Institution, qui projette une baisse de seulement 0,06 % du PIB de l’Afrique du Sud, l’un des principaux bénéficiaires.
Le programme Prosper Africa, lancé en 2018 par Donald Trump pour favoriser les investissements américains en Afrique, a été maintenu par Joe Biden, tout comme la Development Finance Corporation, initiée sous son mandat pour financer des projets en Afrique. Les investissements actuels dépassent les 10 milliards de dollars et pourraient encore augmenter sous le mandat de Trump.
Sécurité et lutte contre le terrorisme
La Russie a renforcé sa présence en Afrique sous le mandat de Joe Biden, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, selon certains Leaders de l’Association des États du Sahel. Face à cette concurrence, il est probable que l’administration Trump réagira pour défendre les intérêts américains dans la région.
L’homosexualité et les valeurs culturelles africaines
Certaines autorités africaines critiquent la conditionnalité des aides américaines qui imposent des valeurs parfois éloignées des traditions locales, notamment en matière de droits de l’Homme. L’AGOA exige le respect des droits liés entre autres à l’avortement et l’homosexualité pour bénéficier de ses avantages fiscaux, un point que Trump, soutenu par une communauté chrétienne conservatrice, pourrait assouplir.
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite des inquiétudes à l’échelle internationale. Après une campagne marquée par des tentatives d’assassinat et des discours polarisants, une élection réussie, l’administration Trump aura en face d’elle une Afrique convoitée par toutes les puissances économiques, au centre de nouveaux enjeux économiques et stratégiques mondiaux.