C’est un projet inspirant, d’un point de vue économique, écologique, agronomique et social : la valorisation des déchets organiques du manioc, grâce à la mise en place d’un biodigesteur. Ce projet est mis en œuvre par l’ONG Afrique Espérance, avec l’appui de l’Institut Francophone pour le Développement Durable (IFDD), un organe subsidiaire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Dans la localité de Zé, c’est l’heure de la récolte des tubercules de manioc pour les femmes de l’association Ayiminazé, dans le sud du Bénin. Des centaines de femmes regroupées en coopératives ont pour principale activité, la transformation du manioc, notamment en »gari », farine très prisée dans ce pays ouest-africain.
Cependant il faut noter que la cuisson de ce »gari » nécessite la combustion du bois. Et pour obtenir ce bois, les femmes sont obligées de parcourir des distances.
‘’Nous devons chercher du bois, mais il nous faut aller très loin pour en trouver. On ne trouve pas de bois près d’ici. Nous marchons jusqu’à 2 à 3 km afin de ramener du bois pour la cuisson. ‘’, explique Reine Ogubi, transformatrice du manioc, enceinte de 7 mois, revenant sur son expérience.
Bien avant il fallait éplucher tubercules de manioc, mais l’heure est plus que jamais consacrée à la révolution. Désormais, les productrices utilisent un biodigesteur. La machine produit du biogaz grâce aux épluchures des tubercules de manioc et d’autres déchets organiques. Le biogaz obtenu remplace le bois de chauffage lors de la cuisson du gari. Le service de cette révolution n’est pas à la sens unique car l’engrais organique issu de sa production sert aussi de fertilisant pour les champs.
Pour Grace Chidikofan, coordonnatrice de l’ONG Afrique Espérance, cette technologie est abordable et facile d’utilisation et les femmes béninoises l’ont démontré. Elles produisent elles même leur énergie sur place et elles l’utilisent ce qui leur permet d’avoir une autonomie en énergie.
Grace à cette alternative énergétique il y a réduction des coûts de productions du gari, ajouté à cela la préservation de l’environnement.
Signalons que la production d’un kilogramme de cette farine nécessite en moyenne entre 1,30 et 2,40 kg de bois. Avec la réduction des coûts de production, la préservation de la santé et de l’environnement, les Béninoises ne sont comblées de joie face à ce triple avantage du biodigesteur.
‘’On coupait aussi les arbres, mais cela causait l’absence de pluie et il n’y a plus de sources d’approvisionnement en bois. Donc on a maintenant abandonné le déboisement en plus, le bio digesteur nous fournit des engrais qu’on utilise sur nos plantes. Nous n’avons plus recours aux engrais importés. ‘’, a déclaré Paula Gnacadja, présidente de l’association Ayiminazé.
Avec cette nouvelle donne aux multiples avantages, la question à se poser est celle de savoir si ces femmes ne mettront pas définitivement une croix sur la vieille méthode.