Pour mettre sur pied Propharm, les initiateurs du projet ont dû dépenser quinze milliards de francs CFA. L’usine fabrique pour l’instant trois médicaments génériques, dont le paracétamol, et en proposera, à terme, une dizaine au total.
L’histoire de la naissance de Propharm remonte au début des années 2000. Armel Coefé, alors pharmacien, travaille pour un comptoir d’achat de médicaments génériques. À ce moment précis, son pays, le Burkina Faso, se tourne vers les producteurs indiens et chinois. « On s’est posé la question de savoir comment était-il possible que l’on fasse venir de l’eau et du sucre, c’est-à-dire du sérum glucosé, d’Inde et de Chine. Je trouvais que c’était un peu absurde. Et en tant que pharmacien, je me suis demandé si l’on ne pouvait pas fabriquer au moins ça, ici », raconte-t-il.
Voilà qui met de nouvelles idées dans les mémoires d’un petit groupe de pharmaciens ouagalais regroupés autour d’Armel Coefé. Lentement mais sûrement, le projet va murir et en 2017, le groupe trouve un partenaire financier, Cauris Invest Group. Ce dernier, voyant en le projet, une affaire très rentable, décide de débourser 15 milliards de francs CFA dans une usine de fabrication de médicaments génériques.
La prochaine étape est le démarrage des travaux en 2019 lesquels vont durer trois années pour s’achever en 2022, plus précisément en mars dernier. « Nous avons une chaîne complète qui nous permet de faire de la granulation, du mélange, du remplissage de gélules, de la compression, de l’enrobage et ensuite de la mise sous blister de dix gélules » ajoute Armel Coefé.
Propharm aujourd’hui, c’est trois médicaments produits et proposés au public parmi lesquels le paracétamol et les sels de réhydratation pour enfants victimes de diarrhées.
À long terme, les chaînes Propharm envisagent la sortie de dix produits différents. Ces produits viendront s’ajouter au combat que mène cette première usine de génériques burkinabés contre les faux médicaments qui pullulent en Afrique.
« Le circuit long entre la production en Inde et la commercialisation dans nos pays crée une opportunité pour certains trafiquants d’introduire des faux médicaments, affirme Simon Kaboré, le directeur exécutif régional du réseau d’accès aux médicaments essentiels. Mais si ces médicaments sont produits localement, cela raccourcit le circuit et minimise les chances de voir introduits de faux médicaments. On a vu aussi, avec la Covid-19, que les chaines internationales sont très facilement perturbées, et l’Inde, elle-même, était débordée et produisait davantage pour sa population que pour nous, alors que si nous avons la capacité de produire localement, nous pouvons sécuriser notre approvisionnement, quel que soit le contexte sanitaire international ».
Il faut noter que Propharm arrive dans un univers très concurrentiel à l’échelle internationale. Ainsi pour faire face à cette réalité, l’entreprise a dû ajuster ses coûts. Cette baisse des prix est aussi liée au fait que Propharm veut aussi respecter son engagement de responsabilité sociale. « On a aussi un devoir, c’est celui de rendre les médicaments accessibles, c’est un peu la contrepartie du fait d’avoir été accompagné par l’État en termes d’agrément au code des investissements, explique Armel Coefé. Cet agrément nous donne un certain nombre de détaxes ».
Propharm doit faire une demande en septembre à venir, pour pouvoir distribuer sa production sur le marché national. Après le Burkina Faso, l’entreprise compte aussi écouler ses produits dans les sept autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), dont la Côte d’Ivoire, le Mali ou encore le Sénégal avant la fin de cette année.