Ce résultat, œuvre du laboratoire sud-africain Biovac, sera produit en partenariat avec Pfizer-BioNTech. C’est un succès pour la communauté scientifique sud-africaine, même si le chemin vers une vraie indépendance vaccinale reste encore long.
« On voit bien qu’on ne peut pas compter sur les vaccins qui sont fabriqués en dehors de l’Afrique : ils n’arrivent jamais à temps et les gens continuent de mourir. » Un triste constat signé du président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président sud-africain.
Afrigen Biologics and Vaccines est la société qui dirige elle-même le projet pilote, soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’initiative Covax. « A l’échelle du laboratoire, nous disposons d’un vaccin que nous devons maintenant tester », a déclaré à l’AFP la directrice générale d’Afrigen, Petro Terblanche.
Il est prévu dès le mois prochain, le début des tests sur les animaux « mais les études sur les humains ne débuteront que vers novembre 2022 », a-t-elle précisé après avoir rencontré un groupe de sponsors du projet.
Ce nouveau produit est dérivé du code génétique exploité par Moderna. Les chercheurs d’Afrigen ont séquencé ce code génétique publiquement disponible utilisé par Moderna pour concevoir son vaccin, puis ils ont fabriqué l’ADN, l’ARN et leur propre produit. « Nous sommes les premiers à utiliser la séquence développée par l’Université de Stanford et utilisée par Moderna pour son vaccin, afin de concevoir et développer un vaccin produit à l’échelle du laboratoire », a déclaré Mme Terblanche avant de poursuivre en disant que « nous avons terminé le processus de la conception jusqu’à une formule finale. C’est un petit pas mais c’est un bon début, c’est un début fabuleux ».
Voilà qui apporte une bouffée d’oxygène aux pays à faible revenu. ARN messager est sans doute la première étape importante qui permettra aux pays à revenu faible et intermédiaire de produire eux-mêmes des vaccins.
L’accord de cette production s’est concrètement matérialisé le 21 juillet 2021. Ce jour-là, le consortium américano-allemand Pfizer-BioNTech publiait un communiqué annonçant son partenariat avec Biovac, et précisait que 100 millions de doses – exclusivement réservées aux pays de l’Union africaine seraient fabriquées chaque année au Cap.
Contacté par Jeune Afrique, David Walwyn, professeur de management des technologies à l’Université de Pretoria, se réjouit de cet accord : « Les fabricants africains actuels ne sont pas capables d’opérer à l’échelle mondiale. Cet accord permettra à Biovac d’atteindre ce stade ».
Si le transfert des installations nécessaires à l’application de cet accord a déjà débuté, il reste toutefois beaucoup à faire. Il ne s’agit en effet « que » de la dernière phase du processus de conception du sérum. Les premières étapes de fabrication, les plus cruciales et les plus complexes, seront toujours réalisées dans les laboratoires européens. Leurs pendants sud-africains prendront en charge les étapes finales de mise en flacons. À ce jour, seulement un pour cent des vaccins utilisés en Afrique sont produits sur le continent.
Parallèlement à l’ARN messager, l’Afrique du Sud travaille – comme le Maroc, l’Égypte, le Sénégal, la Tunisie et l’Algérie – à la conception de vaccins issus d’autres technologies. Dernier épisode en date, l’annonce par le laboratoire sud-africain Aspen PharmaCare, dans un communiqué publié le 26 juillet, de la livraison de vaccins Johnson & Johnson.
Que de bonnes nouvelles pour l’Afrique qui reste le continent le moins vacciné au monde. Plus d’un an après l’administration des premiers vaccins contre le Covid-19 et deux ans après le début de la pandémie, seulement 11,3 % des Africains ont été complètement immunisés.