Son élection a eu lieu ce 25 mars à Genève, en Suisse, en marge du Conseil d’administration de l’OIT. Son choix a été clarifié au second tour par les membres du Conseil d’administration représentant les États et les organisations d’employeurs et d’employés, l’OIT ayant la particularité d’être une organisation tripartite.
Gilbert Houngbo arrive avec pour ambition de préserver les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de justice sociale.
A 61 ans, il est natif d’une préfecture rurale du Togo, et a passé la majorité de sa carrière dans les organisations internationales, où il est vu comme un haut fonctionnaire chevronné.
Son élection a eu lieu mais sa prise de fonction devra encore attendre jusqu’en octobre. Il succédera alors à l’ancien syndicaliste britannique Guy Ryder, en poste depuis 10 ans et qui a atteint la limite des deux mandats.
Bien qu’il préside actuellement le Fonds international de développement agricole (FIDA) à Rome, Houngbo connaît très bien l’OIT car il y a occupé le poste de directeur adjoint entre 2013 et 2017. Il était alors en charge des Opérations sur le terrain.
Gilbert Houngbo est un ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud). Il a été également membre de l’équipe stratégique et directeur administratif et financier de l’organisation.
Pour cette élection à huis clos et à bulletin secret, cinq candidats étaient en lice. Sa principale opposante était l’ex-ministre française du Travail Muriel Pénicaud. Cette dernière était soutenue par Paris et le bloc européen mais cela n’a pas empêché l’Africain de remporter cette élection.
Pendant son règne comme ministre du Travail de mai 2017 à juillet 2020 en France, Muriel Pénicaud a initié les grandes réformes sociales du quinquennat d’Emmanuel Macron. On peut ainsi citer celles du code du travail ou de l’assurance chômage, vivement critiquées par les syndicats.
Des autres candidats on peut évoquer l’ex-ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud, Kang Kyung-wha, l’entrepreneur sud-africain Mthunzi Mdwaba et l’Australien Greg Vines, directeur général adjoint de l’OIT pour la gestion et la réforme.
Le marché du travail est en pleine mutation sous l’effet des nouvelles technologies. Ainsi le prochain patron de l’OIT aura pour lourde tâche de faire adapter les normes de cette organisation centenaire à ce marché. Ces mutations sont dues à la pandémie de Covid-19 qui a donné un coup d’accélérateur aux technologies de télétravail qui permettent d’abolir les barrières géographiques et de travailler en équipe à distance.
« Nouveau contrat social mondial »
Dans sa candidature, il avait souligné que sa vision de l’OIT s’inspire du préambule de la Constitution de l’organisation : « Si je suis élu, j’entends insuffler un nouvel élan à l’OIT, la repositionner au cœur de l’architecture sociale mondiale et atténuer le risque de voir sa stature s’éroder. Pour cela, je propose un ambitieux programme mondial de justice sociale », avait-il écrit.
11è d’une famille de 18 enfants, Gilbert Houngbo est titulaire d’un diplôme supérieur en gestion des affaires de l’université de Lomé au Togo.
Pour la première fois de son histoire, l’OIT, née au lendemain de la Grande Guerre en 1919, sera dirigée par un Africain. Parmi les anciens dirigeants on peut citer deux Français, dont le premier, Albert Thomas qui a conduit l’organisation de 1919 à1932.