L’entreprise vient d’annoncer avoir obtenu 1,4 million $ pour la réalisation d’un projet d’énergie durable au Zimbabwe, pays de l’Afrique australe. Ce projet qui concerne les panneaux solaires et le stockage de batteries chez un producteur de fruits et de baies est le plus grand projet du genre financé par crowdfunding en Afrique à en croire la startup.
Soutenue par un groupe détenu en partie par African Rainbow Capital Investments du milliardaire Patrice Motsepe, son approche permet aux individus de contribuer à la réduction des émissions responsables du réchauffement climatique avec des investissements relativement modestes tout en bénéficiant d’un taux de rendement compétitif.
Son entreprise à Nhimbe Fresh voit des particuliers ou d’autres investisseurs acheter des cellules solaires à 5 $ à 10 $ chacune sur sa plate-forme, puis les louer. Les investisseurs sont remboursés sur 20 ans en Bitcoin ou en rand, environ 60 % choisissant d’être payés en crypto-monnaie. Le projet zimbabwéen, l’un des 50 de Sun Exchange, a été financé grâce aux achats de 1 905 personnes dans 98 pays.
Les acquéreurs de ces actifs énergétiques les mettent à la disposition de projets d’électrification dans des zones peu ou pas desservies par le réseau. Le remboursement s’effectuera une vingtaine d’année plus tard, soit en Bitcoin, soit en rand sud-africain. Sun Exchange laisse entendre que 60% de ses contributeurs acceptent généralement de se faire rembourser en Bitcoin.
Selon le modèle économique qui est choisi par cette entreprise, les projets qui bénéficient des infrastructures ainsi financées, ne paient pas pour l’installation mais pour l’électricité, dont le coût est inférieur à celui des réseaux nationaux.
Les investisseurs qui ont contribué à sa réalisation reçoivent à terme un taux de rendement estimé à 16,7%, ce qui reste un gain élevé, comparé aux autres produits de placement comme les assurances vie. De plus, pour ceux qui acceptent le paiement en Bitcoin, il y a une perspective de hausse de valeur attribuée à cette cryptomonnaie.
La plateforme de Sun Exchange compte actuellement environ 35 000 investisseurs de 180 pays. Il a formé un partenariat avec Energea Global pour investir dans les cellules solaires.
La société, qui a construit son premier projet en 2016, a levé 8,3 millions de dollars à ce jour auprès d’investisseurs, notamment des fonds de capital-risque basés sur la technologie blockchain. Ses autres projets incluent l’énergie solaire pour les écoles et les maisons de retraite en Afrique du Sud et six supermarchés du groupe Spar.
Des fonds sont actuellement collectés pour 332 kilowatts de panneaux et 640 kilowattheures de stockage de batterie dans une ferme de brocolis et de safran dans le semi-désert du Karoo en Afrique du Sud. Il a aidé à installer 5,4 mégawatts de capacité de production et un financement a été obtenu pour 7 mégawatts, et il a maintenant l’intention de s’étendre ailleurs en Afrique.
Le modèle actuel se présente comme une alternative au gap de financement des projets d’énergie renouvelable en Afrique. Mais il n’est pas certain que cela puisse être répliqué pour la réalisation de projets de plus grandes ampleurs, susceptibles satisfaire les besoins en énergie des secteurs productifs, ou de régler le problème d’accès à l’électricité pour les 600 millions d’Africains qui en sont encore privés, selon des statistiques officielles de plusieurs institutions.
Le financement durable de l’accès à l’électricité et de la transition énergétique est, en Afrique, un défi majeur. L’accès au marché des capitaux est contraint au niveau international par une perception élevée du risque africain. Et les banques centrales africaines peuvent difficilement recourir à la création monétaire, contrairement à leurs consœurs des pays développés. L’électrification est pourtant vitale pour les ambitions d’émergence des pays africains.