C’est un devoir de mémoire pour des écolières qui manquent toujours à l’appel. En effet, des sculptures-portraits, fruit d’une collaboration entre l’artiste française Prune Nourry, des étudiants de l’université Obafemi Awolowo et un groupe de potiers présentent des images des jeunes filles lycéennes kidnappées en 2014 par Boko Haram au Nigeria.
« C’est un rappel permanent de ce qui s’est passé, nous avons eu une période de notre histoire au Nigéria où des femmes, des garçons, des hommes, des enfants ont été enlevés, certains ont été retrouvés, d’autres sont toujours déplacés jusqu’aujourd’hui, d’autres sont toujours en captivité », explique Habibat Balogun, coordinatrice de Bring Back Our Girls Lagos.
Cette exposition, soutien moral des parents des Chibok Girls, se veut aussi une vitrine à même de pérenniser le souvenir de l’acte posé par les islamistes contre l’éducation des filles. Il faut insister sur cette histoire qui tend à se faire oublier.
« J’espère que les gens qui verront l’exposition se souviendront de l’importance de l’éducation des filles et du fait que la sculpture peut personnifier quelqu’un et matérialiser une vie qui respire et être le symbole d’une personne. Il s’agit aussi de la collaboration, de la façon dont nous pouvons faire plus ensemble et peut-être du fait que l’exposition voyagera en Afrique mais aussi dans le monde entier et de la façon dont nous pouvons continuer à mettre en lumière quelque chose qui pourrait être oubliée et qui ne devrait pas l’être parce que ce sera toujours une priorité », a déclaré l’artiste Prune Nourry.
Dans plusieurs pays à travers le monde, la femme est très souvent une couche vulnérable, subissant des violences de diverse nature. Suite à cette situation, les organisateurs voudraient faire de cette exposition un écho à l’international puisqu’elle aborde un sujet touchant la cause féminine dans divers pays.
« J’espère qu’elle dépassera les quatre murs de cet espace d’exposition, qu’elle ira au-delà du Nigéria pour s’étendre au monde entier et qu’elle amplifiera ou montrera au monde l’époque dans laquelle nous vivons, parce que ce n’est pas seulement le Nigéria. Je veux dire que c’est presque, peut-être aussi lié à ce qui se passe en Iran », explique Tony Agbapuonwu, conservateur d’art.
En rappel, en 2014, le kidnapping des filles de Chibok avait donné lieu à la campagne Bring Back Our Girls. Depuis lors, 106 filles sur les 270 enlevées ont été libérées.
Une trentaine de parents de ces filles sont morts depuis avril 2014, principalement d’hypertension, d’anxiété et de stress générés par le non-retour de leurs enfants. Quelques-uns ont été victimes d’attaques de Boko Haram.