En effet, Bola Tinubu, le candidat de l’APC, le parti au pouvoir, va succéder à l’illustre Muhammadu Buhari en tant que président.
Car après quatres jours de décompte, il a obtenu, ce mercredi 1er mars, la majorité des voix à la présidentielle. La Commission électorale nationale (Inec) a confirmé sa victoire. Il a obtenu 25% des voix dans au moins deux tiers des 36 États de la Fédération nigériane, ainsi que le territoire de la capitale, Abuja.
De ce fait, « le Parrain », ainsi qu’il est surnommé, a récolté le plus grand nombre de voix, selon les résultats officiels.
Pour être plus précis, le septuagénaire Bola Tinubu, qui brigue la succession de Muhammadu Buhari à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique, a obtenu 8,8 millions de voix. C’est environ 2 millions de voix de plus que ses principaux rivaux Atiku Abubakar du PDP (6,9 millions de voix) et Peter Obi du Parti travailliste (6,1 millions de voix), selon une compilation des suffrages État par État.
Bola Tinubu remporte ainsi l’une des élections les plus disputées de l’histoire démocratique du Nigeria.
Sa victoire a été proclamée cette nuit alors que mardi, à la mi-journée, les deux principaux partis d’opposition, PDP et LP, sans attendre l’intégralité des résultats, ont conjointement demandé l’annulation du scrutin dénonçant des fraudes et des manipulations des chiffres à grande échelle.
Rappelons que à bientôt 71 ans, Bola Tinubu devient le cinquième président de la quatrième République (le Nigeria). Il succède à Olusegun Obasanjo (1999-2007), Umaru Yar’Adua (2007-2010), Goodluck Jonathan (2010-2015) et Muhammadu Buhari. Le prochain président nigérian réalise enfin le rêve de toute une vie.
Grand favori de cette élection présidentielle 2023, l’ex-gouverneur de la province de Lagos a confirmé son rang en terminant largement en tête au nombre de suffrages cumulés, malgré le fait qu’il a perdu à Lagos et à Kano, mais aussi dans la capitale Abuja.
Yoruba et musulman, le désormais président Bola Tinubu est un ancien de la vie politique nigériane. Il a la réputation d’être un faiseur de roi et on lui attribue l’élection de son prédécesseur Muhammadu Buhari à la présidence depuis 2015.
Soulignons que durant la campagne électorale, il n’a pas caché que c’était son tour d’accéder aux plus hautes fonctions après avoir aidé d’autres personnes à satisfaire leurs ambitions politiques : E Mi Lon Kan, « c’est mon tour » en yoruba, un slogan que Bola Tinubu a répété sans cesse depuis l’annonce de sa candidature. Il a fait campagne aussi sur son bilan économique en tant que gouverneur, promettant de répondre aux revendications sociales des Nigérians.
Il s’est dit lui-même victime des pénuries monétaires pendant sa campagne. Ses opposants lui reprochent d’avoir fait fortune en captant les finances publiques quand il était gouverneur. Il a été accusé plusieurs fois de corruption et de blanchiment d’argent, affaires dans lesquelles il a toujours été innocenté.
Concernant le poste de vice-président Bola Tinubu a choisi un autre musulman, l’ancien gouverneur de l’État de Borno, Kashim Shettima, âgé de 55 ans. Enfin, l’ancien sénateur a su s’imposer sans être comptable du bilan de son camarade de parti, Muhammadu Buhari, le président sortant.
Les défis auxquels Bola Tinubu va être confronté sont multiples : crise sécuritaire, crise monétaire, crise énergétique, des inégalités sociales immenses…
Mais Bola Tinubu devient aussi le chef d’État d’un pays de plus de 220 millions d’habitants, avec une majorité de moins de 40 ans, et pays de créateurs et d’entrepreneurs aux grands talents.