Il s’agit de l’un des plus grands événements culturels de l’est du pays. Après le report l’année dernière, les organisateurs espéraient bien pouvoir organiser une nouvelle édition cette année, malgré l’état de siège. C’est un pari réussi au regard de l’effervescence observée sur le lieu de la manifestation.
Les rassemblements sont limités, notamment sur la voie publique à Goma et deux provinces le Nord-Kivu et l’Ituri. Ces localités sont depuis mai 2021, sous état de siège, un régime spécial où les autorités civiles sont remplacées par les autorités militaires, ce qui explique la rareté des événements dans ces lieux. Mais ce week-end, le célèbre festival Amani s’est finalement tenu.
Face à cette réalité, les artistes doivent faire preuve de créativité pour continuer de faire la scène culturelle à Goma. Depaul Sniper, par exemple, a toujours mis ses mots au service de la liberté. « Si j’étais une femme, je serais accoucheuse de la vérité / Je nommerais chaque premier fils liberté… »
Le slameur n’a jamais cessé de chanter depuis le début de l’état de siège en mai. « Pour moi l’art, c’est un combat, je n’ai peur d’affronter qui que ce soit ni quoi que ce soit. Donc, moi, personnellement, je ne peux pas me censurer. Quand on s’exprime librement, c’est comme si on dénonce les bourreaux. Quand on s’exprime, c’est comme si on met à nu leur incompétence. Ça met en danger notre liberté ».
Depaul Sniper compte parmi de nombreux artistes qui ont plaidé pour que le festival Amani se tienne cette année. L’événement qui a été pensé en 2012 dans les murs du foyer culturel de Goma, n’a jamais réussi à se débarrasser des situations sécuritaires. Son directeur Johnson Ishara rappelle d’ailleurs le contexte à l’époque de sa création.
« Le foyer culturel de Goma a commencé dans une période aussi dramatique après les éruptions volcaniques, après toutes ces guerres des groupes armés. C’est de là qu’est parti un évènement annuel, le festival Amani ».
Dix années sont maintenant passées mais les opérateurs culturels doivent toujours s’adapter aux contraintes de leur région. « L’état de siège a été instauré dans une période de confinement, on ne doit pas l’oublier. L’accumulation de toutes ces décisions a vraiment créé une situation inhabituelle ».
Toutefois ces situations sécuritaires sont loin de casser la dynamique et surtout les ambitions de ce festival qui demeure année après année un Rendez-vous culturel incontournable pour toute une génération de Congolais.
Le site de l’événement a aussi réservé des places pour des stands de vaccination pour des personnes soucieuse de se faire vacciner ou bien pour les artistes qui doivent voyager et faire le texte PCR… L’objectif premier du festival de musique Amani c’est de mettre la sécurité au premier plan.