Selon l’Unesco, 24 millions d’enfants africains ont été déscolarisés en 2020 à cause de la pandémie. Les plus vulnérables ont souvent été renvoyés dans les rangs de l’économie informelle pour aider leur famille à survivre ou parce que celles-ci ne peuvent plus payer leur scolarité, faisant bondir les chiffres du travail infantile pour la première fois depuis vingt ans.
1 800 milliards. Il ne s’agit ni d’euros ni de dollars, mais du nombre d’heures d’apprentissage perdues par les enfants du monde entier depuis le début de la pandémie de coronavirus, en mars 2020. Un « manque à savoir » évalué par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à la mi-septembre et qui a touché au premier chef les écoliers africains.
Dès mai 2020, 27 Etats du continent avaient réussi à bâtir des plateformes numériques, selon le recensement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Si les ministères africains de l’éducation ont réussi cette performance, c’est que plusieurs d’entre eux planchaient déjà sur le sujet et ont fait flèche de tout bois pour maintenir la continuité pédagogique : support papier, radio, télévision et, bien sûr, Internet.
Besoins de connectivité
Pour poursuivre ce chantier, ils se heurtent toutefois au problème de la fracture numérique. Car si la couverture Internet et l’équipement ont beaucoup progressé en Afrique avec, en 2020, 72 % de la population africaine détenant un téléphone portable, 58 % ayant accès à la 4G et 76 % à la 3G, de fortes disparités persistent entre les villes et les zones rurales. « En brousse », ils n’étaient ainsi que 27 % à pouvoir se connecter.
Pour faire progresser sa digitalisation, et tout particulièrement ses écoles, le continent est impliqué dans l’initiative Giga, lancée en 2019 par l’Unicef et l’UIT, l’agence onusienne de développement des télécommunications, dont l’objectif est de connecter tous les établissements scolaires à l’horizon 2030, mais aussi d’y adjoindre un lieu de connexion où toute la communauté peut se réunir pour apprendre à manier les outils numériques.
Au milieu de l’année 2021, 18 pays africains avaient rejoint l’Initiative Giga. Le Rwanda a été le premier à tester le dispositif en juin 2020 grâce à ses 96 % de couverture 4G, dont toutes les écoles sont aujourd’hui connectées.
Depuis octobre 2020, ce sont les élèves du Nigeria, poids lourd démographique du continent avec 206 millions d’habitants et presque 68 millions d’enfants âgés de 5 à 19 ans, qui ont désormais accès à Internet en classe.
« Risque de décrochage »
Ce que la pandémie a aussi rappelé, c’est que, sans enseignant, pas d’école à distance ni d’apprentissages solides. Des ressources humaines dont le continent manquent cruellement, particulièrement pour le premier cycle. Un enseignant subsaharien a aujourd’hui la charge de 58 élèves en moyenne, mais les classes à cent élèves ne sont pas rares. En 2030, un quart des écoliers de primaire dans le monde seront en Afrique subsaharienne.
Pris dans une course contre la montre pour rattraper l’accroissement démographique, les Etats sont de plus en plus tentés de recruter des professeurs qui ne relèvent pas de la fonction publique, dont les compétences sont souvent insuffisantes et qui ne bénéficient donc pas de remise à niveau pédagogique.
Car il ne suffira pas de recruter de nouveaux professeurs, il faudra aussi les former aux outils numériques.