Selon Ugur Sahin, PDG et cofondateur de BioNTech le projet s’inscrit dans un effort de « mettre en place des unités de production de la technologie d’ARNm sur tous les continents ». L’entreprise dit avoir produit plus de trois de milliards de doses de son vaccin développé avec l’Américain Pfizer.
« L’augmentation de la production locale est essentielle », alors que plus d’une centaine de pays « pourraient ne pas atteindre l’objectif de 70% que nous nous sommes fixés pour le milieu de cette année », a averti à Marbourg le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
BioNTech vise à commencer à établir la « première installation de fabrication dans l’Union africaine » à « la mi-2022 », a indiqué le groupe dans un communiqué. La société a indiqué qu’elle prévoyait d’expédier les « BioNTainers » au Rwanda, au Sénégal ou dans les deux pays.
Sahin a déclaré que BioNTech, qui a vendu des dizaines de millions de vaccins développés en collaboration avec le géant pharmaceutique américain Pfizer, avait pour objectif « d’installer des sites de production pour notre technologie ARNm sur chaque continent ». L’Afrique du Sud pourrait « potentiellement » rejoindre la liste des bénéficiaires des laboratoires mobiles, a déclaré BioNTech.
L’ouverture d’une usine conventionnelle de ce type prend actuellement trois ans. Il faudra 12 mois avant que les premières doses produites par les laboratoires de conteneurs soient disponibles, a déclaré M. Sahin. L’Afrique du Sud rejoindra sans doute le réseau de production, selon BioNTech.
Les modules ont été présentés mercredi sur le principal site de production d’ARNm de BioNTech, à Marbourg, dans le centre de l’Allemagne.
L’Afrique est le continent le moins vacciné. Plus d’un an après l’administration des premiers vaccins contre le Covid-19 et deux ans après le début de la pandémie, seuls quelque 12% des Africains ont été complètement vaccinés, selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (Africa CDC).
Les 12 conteneurs qui composent le laboratoire sont divisés en deux modules, l’un pour la production de l’ARNm et l’autre pour le sérum du vaccin. La fabrication du vaccin implique quelque 50 000 étapes qui doivent être suivies méticuleusement. Mais les conteneurs surmontent ce défi en ayant « le processus pré-validé » avant d’être installés, a expliqué M. Sahin.
Les conteneurs pourraient également être utilisés pour produire des vaccins contre le paludisme basé sur la technologie de l’ARNm, si celle-ci est autorisée après les essais cliniques qui devraient commencer cette année.
Les employés de BioNTech s’occuperont des conteneurs dans un premier temps, tout en formant des employés locaux « pour prendre en charge le site à moyen ou long terme », selon le communiqué. La technologie du vaccin sera partagée sans que les brevets qui la sous-tendent soient levés, comme l’ont demandé un certain nombre de pays et d’ONG.
« Les brevets ne sont pas la clé. Lorsque nous installerons la technologie et la remettrons à un partenaire, il obtiendra également la licence pour l’exploiter », a déclaré M. Sahin, ajoutant que BioNTech garantirait une « utilisation responsable ».
Il s’agit d’un transfert de certaines technologies, mais sans la levée des brevets réclamée notamment par de nombreux pays en développement et ONG. « Les brevets ne sont pas la clé, car si nous installons la technologie et la donnons à un partenaire, il aura aussi une licence pour l’opérer » tout en assurant un « usage responsable », a relevé M. Sahin dans un entretien à l’AFP.
En parallèle, la société de biotechnologie sud-africaine Biologics a annoncé récemment avoir fabriqué le premier vaccin à ARN messager contre le Covid-19 sur le continent, en utilisant le code génétique publiquement disponible que la société américaine Moderna avait utilisé pour concevoir son vaccin.