Depuis le début de cette année, la France permet aux anciens combattants africains qualifiés de « tirailleurs » de pouvoir enfin retourner chez eux. Âgés de plus de 70 ans, tous ont encore la mémoire fraîche et se souviennent de leur participation aux deux guerres mondiales. Rentrer chez eux est un réel plaisir après une longue attente et des conditions qui leur avaient été soumises.
Comme Yoro Diao, 95 ans, ils sont plusieurs anciens soldats africains à vivre en région parisienne dans des chambres minuscules à des milliers de kilomètres de leurs familles. Désormais c’est avec des allocations qu’ils s’en iront du continent qui les a accueillis pendant tout ce temps.
Cet ancien combattant va pouvoir, après 20 ans passé en France pour pouvoir prétendre à une pension de l’armée française, retourner vivre dans son pays natal le Sénégal.
« J’ai donné à la France tout mon sang – même si je n’ai pas saigné, ma jeunesse… Ma jeunesse, la mémoire que je n’ai plus, parce que j’oublie tout maintenant, j’oublie tout ! Il faut que j’écrive, sinon j’oublie, je suis vieux », s’est confié Yoro Diao.
Yoro Diao, Sénégalais, vétéran de l’armée française, décoré, fait partie des centaines de milliers de soldats africains qui ont combattu pour la France au cours des deux guerres mondiales et contre les mouvements indépendantistes en Indochine et en Algérie.
« C’est une victoire ! Une deuxième victoire après la guerre ! On a le droit de rentrer chez nous en touchant nos allocations vieillesse, on va bien vivre là-bas ! Je ne vais pas me marier avec beaucoup de femmes à mon âge ! Qu’est-ce que je vais faire avec (mes allocations) ? Je vais vivre, je vais manger ! Tu vois, ça (les allocations), si ça te permet de rentrer chez toi, de vivre bien, de te promener un peu dans le village, mais c’est…. C’est le paradis ! », a ajouté l’ancien tirailleur sénégalais.
Les « tirailleurs sénégalais » étaient tenus pour la plupart de vivre en France pendant la moitié de l’année sous peine de perdre leur pension.
En janvier 2023, l’État français a supprimé cette clause, déclarant qu’ils pouvaient rentrer définitivement dans leur pays et continuer à percevoir leur allocation mensuelle de 950 euros augmentée en 2006.
« Ils vivaient dans un foyer, dans 7 mètres carrés, sans sanitaires dans leurs chambres, faisant leurs courses seuls, sans leur famille. Ce sont des choses auxquelles j’ai déjà pensé parce que je me dis : « Ils se sont battus pour la France et ils vivent dans un foyer : « Ils se sont battus pour la France et ils vivent dans des conditions indignes. Et la deuxième chose, c’est évidemment qu’ils ont contribué à notre liberté. Et penser qu’aujourd’hui, l’État français ne le reconnaît pas en ne leur permettant pas d’être français, c’était inconcevable pour moi, c’était même un choc. Et c’est même cette phrase qui a fait que je mène ces combats aujourd’hui et que je continue à les mener », déclare Aïssata Seck, présidente de l’association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais.
Il faut souligner que la renonciation à cette clause du gouvernement français a été longue à venir, trop tardive même pour certains anciens combattants qui sont désormais trop fragiles pour faire le voyage de retour.