Paradoxalement aux rythmes d’afrobeats qui sont présentés aujourd’hui, la musique initiée par le musicien a influencé la génération actuelle.
« Fela Kuti etait la voix des sans voix, parce qu’à cette époque, aucune voix ne s’élevait pour dénoncer la corruption ou les maux et les problèmes de la société. Personne n’était assez courageux pour prendre la parole et combattre un dictateur militaire. Fela était le seul, il voyait sa musique comme une force, une arme pour faire passer un message très important contre l’autorité, contre la colonisation, contre les gouvernements africains corrompus. Pour lui, sa musique était une arme », raconte Femi Kuti, le fils de Fela Kuti.
Hors du Nigéria où il est né, le rythme a connu un cuisant succès dans les zones environnantes notamment dans les pays tels que le Ghana, le Cameroun, la Tanzanie, le Kenya…
L’Afrobeats résonne partout en Afrique et désormais en Occident, où la jeunesse se déhanche sur les rythmes entraînants de Burna Boy, Wizkid et Tems. Les stars de l’Afrobeats gagnent des Grammys
(Burna Boy, Tems), remplissent les plus grandes salles de concert dans le monde (Wizkid, Davido), explosent les compteurs de vues de Tik Tok (Rema, C-Kay), enchaînent les collaborations avec les célébrités nord-américaines, comme Chris Brown, Justin Bieber ou Drake.
Jusque récemment, les chansons étaient surtout des odes au capitalisme version « Naija », célébrant la réussite, les grosses voitures et les conquêtes féminines, ou des déclarations d’amour un peu mielleuses. Actuellement, l’afrobeat dénonce les violences humaines et la mauvaise gouvernance voilà pourquoi les artistes et les dirigeants politiques au Nigéria par exemple ne se fréquentent pas.
Selon M. Dirisu, les célébrités s’investissent peu en politique « car au Nigéria, il vaut mieux ne pas se faire ennemi du pouvoir ».
À contrario, les hommes politiques, eux, ont besoin de l’Afrobeats « Une campagne électorale sans musique, c’est juste inimaginable. »
« Les chanteurs d’afrobeats ont un pouvoir énorme sur la jeunesse, que certains dirigeants n’ont pas », souligne Oris Aigbokhaevbolo, journaliste musical. Mais « ils font tout pour éviter un quelconque rapport avec la politique, surtout lors de l’élection présidentielle ».
« Les premiers artistes étaient assez politiques, mais quand le genre s’est mis à rapporter beaucoup, les paroles se sont lissées », dit M. Aigbokhaevbolo.