Les yeux artistiques et culturels de tout le continent noir sont rivés depuis ce samedi 16 octobre vers le pays des Hommes intègres, le Burkina Faso. En effet, le plus grand festival du cinéma africain et de sa diaspora y célèbre le septième art.
Le voile sur le Fespaco 2021 a enfin été levé ce 16 octobre. La compétition qui devient enfin réalité a d’abord été annulée, avant d’être repoussée, toujours sans succès. Mais maintenant l’on est en droit de se demander qui sera couronné le 23 octobre comme le successeur du jeune cinéaste rwandais Joel Karakezi qui avait remporté en 2019 la distinction suprême, l’Étalon d’or de Yennenga.
C’est justement par un spectacle dédié à la princesse Amazone Yennenga que l’édition 2021 s’est ouverte au Palais des sports de Ouagadougou au quartier Ouaga 2000. Ledit spectacle a été chorégraphié par le Burkinabè Serge Aimé Coulibaly comme un hymne à la résistance contre les fléaux du covid 19 et du terrorisme en présence du président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré.
Les stars de la musique du Sénégal, pays invité d’honneur de l’édition 2021, notamment Baaba Maal et Didier Awadi vont s’y produire, ainsi que les danseurs du chorégraphe burkinabé Serge Aimé Coulibaly.
L’on annonce à l’ouverture, le film Atlantique. C’est un choix qui symbolise le sacre de la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, première réalisatrice d’origine africaine distinguée au Festival de Cannes avec le prix du Jury.
Jusqu’à l’annonce du palmarès le 23 octobre, les projections des films se dérouleront dans les différentes salles de Ouagadougou, dont celle du cinéma Neerwaya de 1 066 places. Mais des projections auront également lieu dans « dix espaces en plein air », dont un aménagé place de la Nation, l’une des plus grandes de la ville, a précisé M. Sadawogo directeur général du Fespaco.
Après le festival officiel, un « mini Fespaco » itinérant aura lieu dans le nord du Burkina Faso le plus touché par les attaques djihadistes qui, en six ans, ont fait environ 2 000 morts et 1,4 million de déplacés.
La compétition prévoit un honneur, à Ouagadougou, au réalisateur Alain Gomis, lauréat de l’Étalon d’or en 2013 et 2017. Il sera honoré d’une statue dans la même avenue des cinéastes où se trouve déjà la sculpture de son compatriote légendaire Ousmane Sembène réalisateur en 1962 de Borom Sarret, l’un des premiers films africains tournés en Afrique.
Le festival s’ouvre au lendemain de la commémoration des trente-quatre ans de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara, « père de la révolution » burkinabè devenu une icône panafricaine, le 15 octobre 1987. Il avait 37 ans et n’a dirigé son pays que quatre ans.
Le directeur général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo, avait au préalable besoin de la présence de réalisateurs d’un maximum de pays africains à ce festival. Pour y parvenir ce dernier a choisi de jouer la carte de la diversité. Ainsi, La catégorie reine de la compétition affiche 17 fictions longs métrages de 15 pays différents et seul seul l’Égypte assure deux films sur la liste.
L’édition 2021 du Fespaco se déroule à un moment critique pour le cinéma et pour le Burkina Faso. Depuis des années ce pays fait face à des attaques répétées des terroristes.
Voici ci-dessous la liste des 17 longs métrages fiction en compétition au Fespaco 2021 rendu à la 27e édition.
Air conditioner, de Mario Bastos (Angola)
Baamum Nafi, de Mamadou Dia (Sénégal)
Bendskins (Moto Taxi), de Narcise Wandji (Cameroun)
Eyimofe (This is my desire), de Chuko Esiri (Nigéria)
Farewell Amor, d’Ekwa Msangi (Tanzanie)
Feathers, d’Omar El Zohainy (Egypte)
Freda, de Gessica Geneus (Haïti)
La femme du fossoyeur, d’Ahmed Khadar (Somalie)
La nuit des rois (Night of the Kings), de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire)
Les trois lascars, Boubakar Diallo (Burkina Faso)
Lingui, les liens sacrés, de Haroun Mahamat-Saleh (Tchad)
Nameless (Les anonymes), de Wa Nkunda Mutiganda (Rwanda)
Oliver Black, de Tawfik Baba (Maroc)
Souad, d’Amin Ayten (Égypte)
The White Line, de Desireee Kahikopo-Meiffret (Namibie)
This is not a burial, it is a resurrection, de Jeremiah Lemohang Mosese (Lesotho)
Une histoire d’amour et de désir, de Leyla Bouzid (Tunisie)