La crise des pièces de monnaie ne fait que s’accentuer au Cameroun et selon les experts, elle atteint une côte d’alerte sans précédent. A Douala comme à Yaoundé, trouver les pièces de monnaie pour le remboursement d’un client dans les petits comme dans les grands commerces, est devenu chose difficile. Les vendeurs sont parfois contraints à refuser de servir la clientèle. C’est celle qui a le fameux argent, qui reçoit le service voulu.
Depuis un an, précisément, la raréfaction des pièces de monnaie est observée sur le marché camerounais et fait grand bruit. Dans des reportages, la presse locale en fait largement écho, relayant la colère de la population et la difficulté de commercer.
« La rareté des pièces de monnaie bloque énormément de transactions financières et certaines activités. Le matin, il est difficile d’emprunter un taxi sans que le conducteur ne vous dise qu’il n’a pas de monnaie pour votre billet de banque ou bien pour votre pièce de 500 francs CFA. Au marché, nous vivons ce même calvaire », explique à Anadolu, Asta Djam, une ménagère.
Et les autorités monétaires nationales de reconnaître l’existence de cette problématique, sans en avoir une explication précise.
« Je n’en ai pas connaissance de façon précise. Mais je sais que, par voie de presse, il y a des comportements de certaines entreprises qui, non seulement transfèrent des pièces de monnaie FCFA, mais exportent ces pièces », a fait savoir le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, à l’occasion de son 4è Comité de politique monétaire, tenu le 18 décembre dernier à Yaoundé.
A cause de cette situation, les commerçants procèdent à l’inflation des prix. Certains sont arrondis lorsque l’achat dans une boutique ou un magasin nécessite le remboursement de quelques pièces. Il n’y a pas que le commerce qui souffre de la situation. Il y a aussi les déplacements en taxi et même en motos-taxis qui sont impactés. Les usagers trinquent. Et voir un taxi qui roule à vide alors que les passagers sont massés le long des rues, est devenu quelque chose de banale. Car, pour rentrer dans un taxi en proposant au conducteur le tarif normal de 250 FCFA (en journée), il faut généralement « avoir les pièces ».
Certains opportunistes profitent de cette pénurie pour y ont trouver le moyen de développer un business en vendant les pièces de monnaie qu’ils collectent auprès de petits commerçants entre autres, le taux étant généralement de 100 francs CFA à payer pour la monnaie de 1000 francs CFA.
On ne saurait donc parler de la rareté des pièces de monnaie, sans toutefois évoquer son origine. Les ressortissants chinois sont pointés du doigt. Ils font un trafic de pièce qui a été révélé par la presse locale. Ils ont installé dans la plupart des quartiers et même dans les marchés, des machines à sous qui absorbent les pièces comme des trous. Celles-ci sont ensuite récupérées et exportées vers la Chine pour la fabrication des bijoux.
En plus de la technique de collecte ci-haut présentée, ils s’attachent directement les services de jeunes camerounais désœuvrés pour chercher la monnaie contre rémunération. On se rappelle que le 2 novembre 2018, des éléments de la Légion de gendarmerie du Littoral, à Douala, avaient mis la main sur un réseau de trafic de pièces de monnaie.
De l’avis de plusieurs camerounais, la rareté des pièces de monnaie serait due à plusieurs problèmes. Notamment le circuit de fabrication des bijoux développé par certains asiatiques au Cameroun qui, au travers des salles de jeux récolteraient paisiblement nos pièces d’argent. Pour y remédier, d’aucuns proposent au gouvernement de la BEAC de mettre en circulation des billets de 100FCFA, 50 FCFA.
Alors que la Banque des Etats d’Afrique centrale a promis de mettre en circulation de nouvelles unités au mois de novembre 2019, la rareté des pièces de monnaie au Cameroun continue de s’accentuer, faisant naitre un système de vente de ces pièces.