Finalement, j’ai eu le déclic en discutant de ce thème lors d’une réunion en interne. En effet, l’une d’entre nous nous a raconté une histoire étonnante.
C’est l’histoire de Monsieur Abakar, Prof de chimie à l’université. Pendant un cours, il devait faire une présentation PowerPoint. Malheureusement, ce jour il avait oublié son ordinateur avec le fichier de la présentation. Par chance, ce fichier était téléchargeable sur le site de l’université. Monsieur Abakar a donc demandé le téléphone de Mbanda (qui était assis devant) pour pouvoir télécharger le fichier. Et c’est pile lorsque Monsieur Abakar a ouvert le téléphone de Mbanda qu’il a vu un film pornographique qui était lancé et en milieu de lecture ! Bien entendu, Monsieur Abakar a fait un discours de 30 minutes dans lequel il expliquait qu’il ne comprend pas cette génération qui est pourrie, que l’Afrique a perdu ses valeurs, que c’est inadmissible, etc.
Pendant la réunion, nous étions tous scotchés aux lèvres de l’oratrice au moment où elle comptait cette histoire. Lorsqu’elle a terminé, c’est là que j’ai eu un éclair et que j’ai su exactement comment je devais introduire cet article.
Il y a une question qui est passée dans mon esprit, que je nous ai posé à tous en réunion à voix haute, et que je vous pose également : ‘’à votre avis, est ce que ce discours va changer quelque chose ? Est-ce que vous pensez qu’après ce discours un seul étudiant présent décidera d’arrêter de consommer de la pornographie s’il le faisait ?’’. La réponse de notre part a été unanime et quasi sans réflexion préalable. On a tous dit en cœur : ‘’NON !’’
En fait, je pensais avant de manière générale que les personnes qui étaient des alcooliques ou bien des fumeurs compulsifs pensaient tous que c’était ‘’cool’’ et ‘’stylé’’. C’était jusqu’à ce que je tombe sur une vidéo dans laquelle un accro à la cigarette déclarait qu’il reconnait que la cigarette n’est pas bonne pour la santé, mais que c’était sa ‘’faiblesse’’.
Les ‘’faiblesses’’ ne persistent pas parce que les gens ne veulent pas les changer ; elles persistent parce que les gens ont des mauvais systèmes pour les changer. Ils ne comprennent pas les mécanismes des addictions, comptent sur leur volonté pour changer ; et dès qu’ils échouent, ils appellent cela la fatalité.
Le pire c’est que personne ne tient ce genre de discours : Les gens en général accusent ceux qui ont été surpris publiquement la main dans les chocolats ; ils leurs disent juste que c’est mal, ils s’indignent, leurs jettent la patate chaude et s’arrêtent là.
Dans cette publication, nous on va essayer d’aller un peu plus en profondeur. Si je vous parle de pornographie comme tout le monde, alors vous aurez perdu votre temps (et moi aussi d’ailleurs).
Pourtant, c’est un sujet tout à fait sérieux. Tout cela n’est pas un jeu ! Comme on le verra, le porno bousille complètement le cerveau ; avec des effets immédiats… Il détruit les facultés de concentration, de mémorisation, de perception. C’est pour cela que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fini par classer l’addiction à la pornographie dans la catégorie troubles de la santé mentale.
Je ne vais pas parler de morale ici. Tout simplement parce que je n’ai aucune autorité pour dire à quelqu’un comment il devrait vivre sa vie.
Je ne parlerais pas non plus de mysticisme : Certains affirment que regarder ces films correspond à faire l’amour avec des démons. Ici aussi, je n’ai aucune connaissance du domaine spirituel pour me prononcer.
Nous parlerons essentiellement de neurosciences, de sociologie et de psychologie humaine. Nous verrons ce qui se passe immédiatement dans le cerveau d’un porno-dépendant ; pourquoi la dénonciation passive est inefficace ; et comment éventuellement sortir d’une spirale de porno-dépendance.
Du coup, je n’aurais pas la langue de bois : j’utiliserais des mots crus et non censurés (mais pas vulgaires) pour décrire la réalité des faits. La conséquence de ça c’est bien sûr que la diffusion organique de cette publication sera limitée par les plateformes de réseaux sociaux. J’aurais donc besoin de votre aide pour partager massivement ce contenu éducatif.
I. Au-delà des apparences
Je vais commencer par faire un bilan (très lacunaire) sur les effets immédiats du porno sur le cerveau. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas ici d’une crainte du futur (Dire par exemple que le porno peut gâcher une vie est vrai, mais on n’en fera pas mention) ; il s’agit ici de répercussions immédiates du porno sur le cerveau.
Je crois que trois types d’études résument assez bien l’impact du porno sur notre très chère encéphale.
- Ce qu’on voit à l’IRM : la mort de la santé émotionnelle
Il faut savoir que les recherches sur l’impact de la pornographie sont au final assez récentes. La toute première étude date d’il y a environ 40 ans. Lors de celle-ci, le professeur d’université en charge voulait savoir quelle est la différence entre le cerveau d’un étudiant ayant déjà regardé des films pornographiques, et celui d’un étudiant ne l’ayant jamais fait de sa vie. L’idée était de séparer les étudiants en deux groupes et d’étudier à l’IRM les différences. Il a dû annuler l’étude car il n’a trouvé aucun étudiant du deuxième groupe !
Du coup, les études sur le sujet comparent plutôt la différence entre des utilisateurs compulsifs de pornographie et des sujets qui sont sains de ce côté.
Après une séance de visionnage, l’effet le plus immédiat du porno est de foirer Le striatum ventral
Il faut savoir qu’au milieu de votre cerveau, vous avez une région qui s’appelle la partie limbique centre-encéphalique. C’est la région qui s’active lorsque nous ressentons des émotions, que nous prenons des décisions ou que nous avons des comportements machinaux.
C’est dans cette zone que vous trouvez le corps noir qui est le réseau de neurones qui produit la dopamine. La dopamine est souvent considérée comme l’hormone du plaisir, mais elle a en réalité beaucoup d’autres rôles. Par exemple, elle joue sur l’équilibre physiologique et émotionnel ; son déficit grave entraine la maladie de Parkinson (qui est une maladie neurodégénérative).
Le striatum ventral est juste en dessous du corps noir et est souvent qualifié de circuit de la récompense car d’une certaine manière il dicte la production de dopamine. Il y a donc une vraie sensation de plaisir associée au visionnage, ce n’est pas la question. Le problème c’est que ce plaisir à long terme est incompatible avec la réalisation de tâches liées aux métiers du savoir (travaux non purement physiques). En effet, la suractivation du striatum ventral crée une déconnexion avec le néocortex (partie analytique et logique du cerveau) en vidant les stocks de matière grise ; c’est le néocortex qui fait la spécificité de l’être humain et qui permet la concentration, la créativité, et l’imagination.
La conséquence est donc que le porno-dépendant devient impulsif à un degré supérieur (dicté par ses instincts car les informations durent trop pour arriver au cortex), à la merci de ses émotions (il devient facilement colérique par exemple), et partisan du moindre effort intellectuel.
La question c’est donc plutôt de savoir : étant donné que ces deux (avoir un plaisir de porno-dépendant et avoir plus de matière grise) sont incompatibles, laquelle est ce que je choisis ? Dans quel monde est-ce que je veux vivre : GTA avec des codes triches ou bien se bâtir par des efforts ?
Il s’agit de comprendre que tout n’est pas compatible avec tout ! Par exemple, après ma publication sur l’arnaque de la pensée positive, certains avant même de lire l’article m’ont dit qu’ils aiment bien les citations de motivation. Et justement, la question n’est pas trop de savoir ce qu’on aime ou qui nous fait du bien à court terme (moi aussi j’aime -ou plutôt j’aimais- bien les citations de motivation) ; la question est plutôt de savoir, étant donné qu’il est établi que cette joie éphémère m’éloigne de ce qui est vraiment important pour moi, n’est ce pas mieux la mettre intégralement de côté ?
Le deuxième type d’études montre plutôt que voir régulièrement des contenus pour adultes modifient la manière dont le monde est perçu.
- Le porno modifie les croyances
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, l’exposition régulière au porno rend les hommes misogynes (quelqu’un qui déteste les femmes), et les femmes misandres (quelqu’un qui déteste les hommes). Il favorise une plus grande tolérance à l’endroit des violences sexuelles faites aux femmes.
Mais en même temps, comment respecter une personne lorsqu’elle est dépeinte comme un objet de plaisir ? Lorsqu’elle se fait prendre par une équipe de football, et parfois même des animaux dans des positions totalement irréalistes ?
La suite logique de ça c’est que l’exposition régulière à ces contenus rend plus agressif, et violent sexuellement.
Voici un extrait de l’étude : Une méta-analyse de la consommation de pornographie et des actes réels d’agression sexuelle dans les études sur la population générale (2015) :
Les études 22 de différents pays 7 ont été analysées. La consommation était associée à l’agression sexuelle aux États-Unis et dans le monde, chez les hommes et les femmes, ainsi que dans des études transversales et longitudinales. Les associations étaient plus fortes pour l’agression sexuelle que physique, bien que les deux soient significatives. La tendance générale des résultats suggère que le contenu violent peut être un facteur aggravant.
« Mais l’utilisation de la pornographie n’a-t-elle pas réduit les taux de viol ? ». Non, les taux de viol ont augmenté ces dernières années.
Mais ce n’est pas fini, non seulement le porno rend l’inacceptable de plus en plus concevable, mais aussi, le troisième type d’études montre en plus que visionner régulièrement des films X tue la libido.
- Le porno tue la libido
La libido est une énergie d’origine sexuelle qui joue un très grand rôle dans plusieurs domaines de la vie. Bien entendu, il peut s’exprimer sous forme sexuelle, mais ce n’est pas son unique emploi possible. Cette énergie intervient par exemple aussi dans tout ce qui est création artistique et innovante.
Les films pour adultes vont venir violer cette énergie. En effet, ils diminuent de manière globale le désir sexuel, mais paradoxalement pas le désir d’en regarder à nouveau. Ils poussent ainsi le porno-dépendant à se tourner vers des contenus de plus en plus extrêmes et éthiquement inacceptables.
Ils diminuent la matière grise dans le circuit de la récompense et donc entrainent une baisse générale de motivation et de volonté.
60% des sujets toxicomanes compulsifs dans une étude ont eu une dysfonction érectile ou une faible libido avec des partenaires.
Plus grand désir et envie de porno, mais pas plus grand goût.
L’Utilisation du porno est liée à une plus grande réduction différée (incapacité de retarder la gratification) : il favorise le désir de vouloir tout, tout de suite. Ceci est un signe flagrant de dysfonctionnement du pouvoir exécutif.
Les toxicomanes du porno ont une préférence accrue pour la nouveauté sexuelle, mais leur cerveau s’habitue plus rapidement aux images sexuelles.
Donc ça, c’est fait ! Il n’y a aucun moyen de rentrer en arrière. Une fois que le porno a matrixé le cerveau, il l’a fait. Toutes les heures de visionnage de ces films qui sont des heures qui auraient pu être utilisées à apprendre de nouvelles choses, ou bien à expérimenter le vrai amour avec les autres sont des heures perdues à tout jamais.
Mais avant d’aborder le sujet de ce qui peut éventuellement être fait, je crois qu’il est important de désenclencher cette amnésie publique que tout le monde a par rapport à la consommation de films produits par cette industrie.
II. Pourquoi le porno nous choque
Maintenant que ce diagnostic (encore une fois, très lacunaire) a été fait, quittons de cette bulle deux secondes pour analyser le statut du porno dans le monde réel.
Vous voyez, le porno c’est un peu comme la corruption : tout le monde est contre, mais… Il suffit de voir les chiffres pour se rendre compte que tout le monde nous prend pour des cons : 25% des recherches sur internet sont directement en rapport avec du contenu sexuel ; 35% de tout ce qui est téléchargé sur internet est directement en rapport avec du contenu sexuel ; on estime qu’il y a en moyenne 370 personnes qui recherchent du porno sur Google chaque seconde, et environ 28 000 internautes sont en train de regarder du porno là tout de suite.
Alors, là c’est un peu comme l’affaire de la nourriture qui disparait pendant les réunions : personne ne sait jamais qui a pris, on ne voit jamais personne, mais on constate juste qu’il ne reste plus rien.
Il est tant d’enlever un peu le sparadrap sur la plaie qui est entrain de pourrir, pour pouvoir proposer un traitement digne de se nom.
- Le Business juteux du X
Ce qu’il faut comprendre c’est que le porno c’est avant tout une industrie (estimée à 10 milliards de dollar par an). Lorsque j’effectuais mes recherches, je suis tombé sur une pléthore de sites qui vous forment à gagner de l’argent en ligne en publiant des vidéos sur les sites populaires (que je ne citerai évidemment pas, mais que je suis sûr que vous connaissez).
Il faut savoir que dans le domaine du Business, il y a ce qu’on appelle la loi du marché qui fait que les produits conçus sont fait pour satisfaire à une demande déjà présente ; et c’est cette demande qui dicte le produit à concevoir. Plus la demande sera grande, plus des gens vont venir sur le marché pour vendre le produit populaire et s’enrichir. Ici, ce sont les dollars qui parlent, et non pas les blablas, il n’y a pas besoin que le produit soit moral.
Autrement dit, le porno existe dans ses dimensions les plus choquantes et les plus sales tout simplement parce que (et c’est triste à dire) c’est ce que les gens veulent voir. Ici, je parle des gens en masse, pas juste deux ou trois pervers. La volonté d’une seule personne ne peut pas suffire à maintenir ce commerce.
Par exemple, quand j’étais plus jeune, j’étais un grand fan du Foster Clark (C’est un jus en poudre). J’en achetais quasiment tous les jours. Mais apparemment, j’étais le seul à en être vraiment fan. Du coup, à un moment ça a tout simplement disparu du marché. C’est logique parce que, les entreprises perdent de l’argent : ils doivent donc fermer si la demande n’est pas suffisante.
C’est triste à dire, mais le porno tel qu’il est aujourd’hui n’est que le reflet des fantasmes les plus noirs et les plus secrets des consommateurs.
C’est pour cela que dire juste à quelqu’un : ‘’C’est mal, il faut arrêter’’ n’est pas suffisant. Il faut plutôt prendre ceux qui le veulent par la main ; leur expliquer la source de ces fantasmes obscurs ; comment ils ont été pervertis ; pour pouvoir proposer une éventuelle porte de sortie qui a vraiment de la valeur.
La première chose est donc de creuser ce tabou qu’est la sexualité, car la question que l’on se pose maintenant est: Comment en est-on arrivé là? Comme vous le verrez, cette investigation peut aller jusqu’à la plus petite enfance.
- Le tabou de la sexualité
Les personnalités publiques tombent en général pour deux catégories de raisons.
La première est liée à l’argent : fraude fiscale, corruption, détournement de fonds.
La deuxième est liée au sexe : tromperie, détournement de mineur, viol.
Ce sont là deux des plus gros tabous de notre monde contemporain.
En fait, la sexualité nous rappelle notre nature bestiale, ce qui est lié à la chair. Et pour vivre dans une société organisée, la condition sinequanon est de parvenir à mettre de côté tout ce qui fait notre animalité. Genre imaginez à quoi ressemblerait le monde si tout le monde pouvait descendre dans la rue et vous sauter à la gorge : ce serait impossible de vivre au moins avec un minuscule sentiment de sécurité.
Le caractère tabou de la sexualité n’est pas juste un phénomène marginal, c’est une des conditions même d’une vie possible en société.
Mais rappelons-nous de ce que Jung nous a appris : notre partie sombre, se forme à chaque fois que nous avons des conflits internes entre la manière dont nous nous comportons, et la manière dont nous voulons nous comporter.
Le premier contact d’un enfant avec la sexualité se fait quand il ou elle commence à se laver seul(e) aux alentours de 3 ans. Il ou Elle commence à découvrir son corps et le monde via ses sens : sa langue c’est un laboratoire, il ou elle s’émerveille de tout, veut tout toucher, même le feu.
Pour le feu, on lui explique tranquillement que s’il le touche, alors il se fera mal (ce qu’il vérifiera lui-même).
Mais lorsqu’il ou elle se touche, pour découvrir sa sexualité, ses parents se fâchent et lui demandent d’arrêter sans lui donner d’explication (si ce n’est lui dire que c’est sale ou que c’est mal – concepts totalement abstraits pour l’enfant- ).
La preuve c’est que la plupart des adolescents ayant regardé du contenu pornographique d’une part reconnaissent que c’était prématuré ; et d’autre part annoncent que c’était surtout par curiosité ou bien juste pour découvrir un peu plus le corps humain. C’était donc en réalité à but éducatif. Ceci prouve juste un manque criard d’informations dessus à la maison ; et ce n’est pas le dernier chapitre de l’année du cours de SVT vu en terminale à l’arrache qui va changer quoi que ce soit.
Le problème, c’est que ça peut enfermer l’ado dans une spirale de laquelle il pourrait ne jamais sortir vu qu’il n’en parlera sans doute pas à ses parents qui l’ont laissé comprendre que c’est sale ; ni à son entourage.
Il cherchera à s’en sortir seul, mettra donc ce masque qui ne fera que se renforcer avec le temps. Ceci d’autant plus qu’il entendra un peu partout, à la télé et sur internet que ce comportement compulsif est honteux. Il finira lui-même par pointer du doigt les autres qui sont enfermés dans la même spirale de laquelle il ne peut se défaire malgré ses efforts.
- Les justiciers d’internet : le signalement de vertu
Comme nous l’a appris Jung, pour identifier notre ombre, nous devons chercher à prendre conscience des défauts que nous voyons facilement et en permanence chez les autres et que nous refusons chez nous même.
C’est pour cela que les Jean la morale sont souvent les pires. Et d’ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraitre, des études tendent à montrer que ceux présentant des troubles compulsifs sexuels ne sont pas forcément des obsédés sexuels qui s’assument ; très souvent ce sont de bons garçons, gentils et sympathiques : Ce sont souvent les pires !
C’est à cause d’un biais cognitif qui s’appelle le signalement de vertu : c’est l’expression de valeurs morales avec pour but principal de renforcer son propre statut social au sein d’un groupe social.
En général ceux qui diront que le porno c’est mal, le font inconsciemment bien plus pour rester eux même dans la posture des ‘’gens biens’’ que pour aider véritablement quelqu’un à sortir de cette dépendance.
Et ce n’est pas forcément de la mauvaise foi ou bien de l’hypocrisie ou bien de la stupidité ; il y a vraiment beaucoup à perdre en termes de statut en ne s’indignant pas de la pornographie.
Par exemple, il y a trois mois je discutais avec un ami très intelligent d’un sujet clivant sur l’écologie. Et j’ai pris les chiffres sur la pornographie pour renforcer un argument dans la conversation. Il ne s’agissait pas de bien ou de mal ou de morale, mais juste de chiffres qui présentent une réalité pour expliquer quelque chose. Il m’a coupé pour me rappeler que Jésus revient bientôt. Je lui ai dis que je suis d’accord, et je voulais continuer mon argumentation ; mais un malaise s’est installé.
Vous voyez donc que même chez des personnes sensées, ce sujet est très délicat. Mais il y a de quoi, en effet les mécanismes psychologiques en jeu dépassent le simple cadre de constructions sociales, il y a quelque chose de plus profond.
- On nous a menti sur le désir
Au cours de ses recherches, Jung remarque qu’ ’’il est typique (…) que les influences qu’exerce l’inconscient sur le conscient ont toujours les caractères du sexe opposé’’.
L’anima et l’animus sont les archétypes qui représentent respectivement la partie féminine d’un homme, et la partie masculine d’une femme.
Pardonnez-moi, ce sera le seul concept un peu technique de psychologie ici, mais c’est important.
L’anima chez l’homme se manifeste différemment selon son niveau de compréhension de lui même : il peut quitter de femme-enfant, à mère, en passant par femme fatale, inspiratrice, sorcière, femme sauvage.
Cet archétype représente la fonction de régulation avec l’inconscient chez l’homme.
Il se décline en quatre niveaux de représentation :
- Femme primitive : Objet de désir, elle procure nourriture, sécurité et amour. Par exemple : Eve, les sirènes, ou les femmes fatales
- Femme d’action : Grande acheveur, intelligente et talentueuse. Par exemple : les amazones, ou Jeanne d’arc
- Femme de la sublimation : Juste, femme de vertu. Par exemple : la Vierge Marie
- Femme sage : Tout sauf un objet. Par exemple : la Sophia (Sagesse).
Jung pensait que l’animus était plus complexe que l’anima : une femme aura plus d’images représentant l’animus, ou plutôt plusieurs personnalités faisant office de figure masculine. Mais il y a tout de même également 4 niveaux de développement parallèles de l’animus :
- Tarzan : Homme de simple force physique. Par exemple : Tarzan, Toriko, Luffy
- Byron : Homme d’action ou de romance. Par exemple : Roméo, Hugo (dans Juliette je t’aime)
- Llyod George : Homme comme professeur/orateur. Par exemple : Professeur (Casa de Papel).
- Hermès : Homme comme guide spirituel. Par exemple : Hermès dans la mythologie grecque.
Ces archétypes sont situés dans ce que Jung appelle l’inconscient collectif qui est la couche inconsciente avec laquelle nous sommes nés qui est la plus profonde de notre esprit. Il nous manipule pour que nous effectuons toute sorte de tâches si fondamentales et si essentielles qu’il n’y ait pas besoin de consulter la conscience avant de les exécuter.
Par exemple : L’attirance physique (pour la reproduction) ; la reconnaissance de la nourriture (pour la survie) ; la respiration (ce serait dommage d’oublier de respirer).
C’est juste pour dire que l’attirance à l’endroit du sexe opposé est totalement physiologique, ancré en nous et encore pire est logée dans la couche la plus profonde de notre psyché :
L’égo est à la première couche (conscient) ; l’ombre est à la deuxième couche (inconscient personnel) ; mais anima/animus (femme dans l’homme et vice versa) est dans la troisième couche : la couche la plus profonde (l’inconscient collectif).
On n’a même pas besoin de Jung pour s’en rendre compte, il suffit de regarder le style de contenu facilement partagé sur les réseaux sociaux. C’est presque toujours un Screenshot d’une discussion entre un homme et une femme.
Et c’est parce que anima/animus est si profond que son évocation ne passe même pas par des processus conscients ; et ils sont donc autant utilisés par l’industrie (ça vend !). Si nous devons évaluer rationnellement la valeur de produits avant de les acheter, la plupart des marques de luxe n’existeraient pas. Les publicités sont donc intentionnellement écrites pour parler directement à cette partie de notre psyché.
Prenez une pub de la marque de parfum pour homme Axe par exemple : Un homme viril au milieu de la plage qui marche, à un moment, il s’asperge d’axe, et une armée de femme bien féminines lui courent après. Ensuite il est écrit : ‘’Axe, retrouvez votre virilité’’.
Bien sûr, de base ce concept semble ridicule ; mais ça marche parce que ça parle directement à une partie de notre psyché auquel le conscient n’a pas accès.
Le problème c’est que cette culture est venue perturber notre représentation de la féminité/masculinité avec un modèle figé : celui des actrices et acteurs du cinéma ; nous éloignant alors potentiellement de la représentation d’anima/animus pouvant nous guider vers notre développement intuitif.
Il faut donc tâcher à garder une image saine et se préserver des influences extérieures qui pourraient corrompre cet archétype (pubs, contenus pour adultes, Novelas : version pour les femmes des contenus pour adultes, applications de rencontre).
Lorsqu’une femme prend conscience de son animus, elle comprend ces schémas, et les intègre. L’animus devient alors un compagnon intérieur transmettant les qualités d’initiative, de courage, d’objectivité et de sagesse spirituelle. Cet archétype se manifeste tout au long de sa vie : projeté inconsciemment sur des personnes du sexe opposé auxquelles sont alors prêtées les caractéristiques de son animus.
Pour un homme, en évitant de s’exposer à des schémas de représentation artificiels, corrompus et exagérés ; et en au contraire s’exposant à l’image de la femme naturellement ancrée en lui ; il fait un pas de géant vers qui il est vraiment. Il se guérit des folies des illusions et comportement malsains accompagnant cette fausse représentation médiatique ; et c’est comme cela qu’il pourra s’ouvrir plus facilement à son intuition dont l’anima est la gardienne.
III. Une autre vie est possible
Lorsque je travaille avec des gens pour qu’ils construisent leur machine de travail, il y a très souvent en filigrane et souvent révélé de manière déguisée la question de : comment sortir d’une addiction à la pornographie.
Alors en général, au final je traite un peu la question comme pour perdre n’importe quelle mauvaise habitude telle que l’addiction au téléphone ou aux réseaux sociaux. Mais je me suis rendu compte que l’addiction à la pornographie a quelque chose d’un peu plus pernicieux.
Dans cette dernière section, je vais jeter quelques pistes pour vous expliquer la spécificité.
Mais il faut savoir que pour cette dépendance spécifique à la pornographie, la volonté ne suffit pas toujours pour s’en sortir.
Comment je le sais et je l’affirme avec tant d’assurance vous demandez vous ?
Ma source en réalité, représente les meilleures statistiques du monde en ce qui concerne la sincérité et la volonté, à savoir : les retours des prêtres catholiques.
En effet, on peut supposer que peu de personnes mentent lorsqu’ils se confessent. Ceci donne aux statistiques des prêtres une pertinence redoutable.
La plupart des prêtres qui s’expriment sur la question de la sexualité sont désespérés. Ils n’en peuvent tout simplement plus de voir tant de fidèles ados qui reviennent à chaque fois pour confesser le même péché encore et encore.
Bien sûr, si ces ados viennent se confesser, cela signifie qu’ils veulent changer. Cela signifie qu’ils n’en peuvent plus non plus, ils veulent que ça cesse, trop c’est trop. Mais ils échouent quand même malgré toute cette volonté.
Certains y arrivent bien sûr, et ceux là ne comprendrons pas ceux qui n’y arrivent pas (avec parfois une pointe de supériorité). Mais le truc c’est qu’il y a beaucoup d’éléments (souvent même génétiques) qui font en sorte que certains ont plus de facilité que d’autres à se libérer des addictions. C’est trop facile de dire que les autres sont faibles, et s’arrêter là.
Cette section ne s’adresse qu’à cette première catégorie : ceux qui ont besoin d’outils un peu plus chirurgicaux pour traiter leur addiction.
Mais bien sûr, si vous êtes dans la deuxième catégorie, vous continuez à regarder du porno, mais vous venez de comprendre les enjeux, alors je vous invite immédiatement à arrêter avec toute cette merde.
- Un nouveau type d’esclavage
Lorsqu’on parle d’esclavage, l’image qui vient souvent en tête c’est celle d’un gars bâillonné et forcé à travailler.
Cette forme d’esclavage a été condamnée dans notre société contemporaine, et ne peut plus se faire qu’en cachette.
Ce qui la caractérisait c’était que la contrainte venait de l’extérieur : dictée par un autre.
Mais une nouvelle forme d’esclavage a pris le dessus : Celle-ci est tellement puissante qu’elle provient de l’intérieur. La stratégie est la suivante : Créer les conditions pour que l’esclave reste dans un environnement qui stimule certaines émotions de l’intérieur ; Lui donner l’impression que cet environnement est normal, qu’il n’en existe pas d’autre pertinent ; et lui faire croire que le problème vient d’ailleurs.
L’environnement culturel moderne a une représentation de la femme qui est ultra sexualisée.
Faisons un test si vous voulez : lorsque vous pensez à ‘’femme’’, laquelle vous parle plus ?
Il n’y a bien entendu pas de bonne réponse. L’image qui vous parle le plus représente juste le stade de développement de votre anima, et dictera de manière inconsciente la manière dont vous voyez les femmes et interagissez avec elles.
Il n’y a rien d’étonnant à ce que si c’est la première image qui vous a parlé, que vous pensiez que toutes les femmes sont des salopes.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de sortir de cet esclavage à trois conditions. En fait, c’est exactement comme l’allégorie de la caverne de Platon
La première condition est de se reconnaitre en tant qu’esclave et de comprendre qu’on a de contrôle sur pas grand-chose en fait. C’est une sacrée blessure narcissique c’est vrai : devoir accepter que sa volonté (qu’on pourrait croire comme toute puissante) ne soit en réalité au mieux que comme un mouvement du cou qui est enchainé. C’est ici un nouveau rappel à l’humilité et à notre finitude.
La deuxième condition est que la libération doit venir de l’extérieur. Il faut un choc externe, un peu comme cet article ci peut-être, ou bien un proche chez qui se confesser.
Oui, il faut quelqu’un ou quelque chose pour conduire vers la lumière, et apprécier comment le dehors est brillant et étincelant. Et de quoi est faite cette lumière ? De la représentation réelle et naturelle de la femme dans notre psyché.
Nous devons créer un nouveau mythe de la femme : Peut-être que notre héroïne serait une femme animale un peu sauvage, douce, protectrice et sage. Et s’abreuver en s’entourant de cette représentation-là, et non pas des symboles crées pour nous vendre des trucs.
La troisième condition est qu’il faut quelque chose à perdre. Tout ne peux pas juste redevenir comme avant ; ce changement de paradigme ne peut évidemment pas se faire dans la joie et la bonne humeur. Il y a des sacrifices à faire dans l’environnement de tout ce qui déforme les représentations naturelles pour passer à (il faut le dire) des caricatures.
Note : J’ai parlé de femmes dans cette section parce que le public visé dans les films X est clairement masculin, et ce sont d’ailleurs statistiquement les plus grands consommateurs. Mais si vous tenez à ce que je parle des hommes, dites-moi et j’écrirais un article sur les Novelas qui sont en fait la version pour femme des films X dans le sens où ils jouent sur les mêmes leviers psychologiques.
- Rien ne sert de lutter
Les mauvaises habitudes c’est un peu comme Cerbère le chien à plusieurs têtes : à chaque fois qu’une tête est coupée, trois autres réapparaissent.
Vous ne pouvez pas combattre une addiction de front. La victoire n’est acquise que lorsque vous oubliez votre combat.
Le livre Flow a parfaitement résumé cette situation : l’expérience optimale n’est atteinte que lorsque l’individu réalise ses tâches dans des conditions où il est tellement concentré qu’il n’y a en réalité d’espace mental pour penser à aucune autre activité.
L’idée c’est donc plutôt de mettre toute sa force de focus sur d’autres activités. Des activités qui vous rendrons fier de vous-même. Ce ne sont pas des activités à laisser au hasard, elles doivent être planifiées.
Il ne s’agit pas de fuir: l’idée ici n’est pas de s’occuper pour ne pas penser à l’addiction; l’idée c’est vraiment de se passionner pour quelque chose.
C’est important que ce soit quelque chose qui vous plaise vraiment, et pas quelque chose qui vous est imposé ou que vous trouvez comme corvée : Quelque chose que vous avez choisi vous-même et que vous pouvez pratiquez sans culpabilité dans l’expérience optimale.
Cela pourrait être la musique, le sport, ou la lecture.
Choisissez la lecture par exemple, même si vous croyez ne pas aimer ça, il vous suffit de trouver le bon sujet qui vous fera ne plus compter les heures et vous permettra de réfléchir sur vous, sur ce que voulez véritablement et éventuellement ne plus être spectateur de votre vie si jamais c’était le cas jusqu’ici.
- Le meilleur conseil du monde
Alors j’ai évité jusqu’à présent d’être trop prescriptif. La raison à cela c’est qu’au final, c’est vous qui savez dans votre fort intérieur ce dont vous avez besoin.
On se concentre parfois bien trop sur ce qui est fait : sur le produit ou l’activité réalisée. Mais, ce n’est pas ce qui importe le plus pour un changement radical.
Votre identité, c’est non seulement ce que vous vous dites de vous même, mais aussi ce que vous avez déjà réalisé et vice-versa.
Qu’est ce qui fait fondamentalement la différence entre vous, moi, et quelqu’un d’autre ? Essentiellement, ce sont nos souvenirs. Nous sommes différents parce que nous avons une expérience différente, une mémoire différente. Et c’est ce qui nous définit.
Nos habitudes forment notre identité qui guide en retour nos habitudes. Alors, à ce niveau on se rend compte que pour avoir une transformation en profondeur, il vaut mieux que notre sens identitaire soit profondément modifié.
Si nous cherchons directement à modifier nos comportements, on risque de ne travailler qu’à la superficie.
Par exemple, quelqu’un qui fume et veut arrêter, doit se dire : ‘’Je ne suis pas un fumeur’’, et pas : ‘’Je ne veux plus fumer’’. Quelqu’un qui veut être un lecteur, doit se dire : ‘’Je suis un lecteur’’ et pas : ‘’Je veux lire des livres’’.
Le meilleur conseil du monde c’est de choisir et de changer en profondeur qui on est, et de bien comprendre que tout n’est pas compatible avec tout. Il faut faire des choix.
Si vous êtes arrivé jusqu’à ce niveau de lecture, cela signifie sans doute que cette thématique vous intéresse beaucoup. Alors, allez jusqu’au bout: je vous encourage à être radical sur votre environnement.
Le stress, la dépression, le burnout, tout ça n’est causé que par une chose: une inadéquation entre ce que quelqu’un veut faire, et ce qu’il fait véritablement. Il fait ce qu’il n’a pas envie de faire, et il ne fait pas ce qu’il veut faire.
Ce que je désires pour vous, et votre nouvelle année, c’est que vous n’ayez plus ces contradictions ; que vous puissiez évoluer et votre concentrer sur ce dont vous avez vraiment besoin et qui vous apportera de la vraie joie: une joie authentique et sincère.
- Pour aller plus loin
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Bonne Année,
Alain Didier.
Bibliographie:
- Méta analyse sur la consommation de porno: https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jcom.12201
- Statistiques sur le porno: https://www.lesaviezvous.net/societe/25-de-toutes-les-recherches-sur-internet-sont-liees-a-la-pornographie.html
- Livre de Jung: L’Homme et ses symboles
- Livre de Mihaly Csikszentmihalyi: Flow
- Vidéo du Précepteur sur le porno: https://www.youtube.com/watch?v=pfHwzjEdCk0
- Pornographie et Cerveau: https://www.sciencesetavenir.fr/sante/internet-la-pornographie-est-elle-nefaste-pour-le-cerveau_27465
- Your brain on porn: https://www.yourbrainonporn.com/fr/research/
- Porno et OMS: https://www.yourbrainonporn.com/fr/miscellaneous-resources/world-health-organizations-icd-11-compulsive-sexual-behavior-disorder/
- Evolution des études sur le porno: https://www.affairesuniversitaires.ca/articles-de-fond/article/evolution-des-etudes-sur-la-pornographie/
- Un témoignage: https://youtu.be/kkIDxIM34Nk