Par cet acte, se finalise et se clôture un processus initié il y a quatre ans. La signature ainsi faite, un avion-cargo, chargé de ces 26 œuvres, quitte le musée du Quai Branly Jacques Chirac, en direction de Cotonou, capitale du Bénin, où celles- ci sont attendues ce mercredi 10 Novembre.
Composées de grandes pièces, ces trésors royaux comportent donc trois grandes statues royales bocio, des trônes, des sièges et des autels portatifs.
En effet, la France a justement souhaité aider les autorités béninoises à mettre en valeur les pièces restituées. Ainsi, l’Agence française de développement( AFD), a alors effectué un prêt de 25 millions d’euros pour la construction du musée et la rénovation des palais d’Abomey. De plus, un don de 10 millions d’euros a été ajouté afin d’effectuer l’accompagnement technique et la formation. Des actions de sensibilisation et de formation, seront également entreprises.
Soit une coopération muséale dont s’est récemment félicité le ministre béninois des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci : « C’est ici le lieu de saluer l’esprit de compréhension mutuelle et le dialogue constructif qui ont prévalu entre les administrations béninoise et française concernées tout au long de ce processus, et qui ont permis, face aux obstacles et polémique de tout ordre, d’accroître le champ de nos convergences plutôt que celui d’une inévitable divergence. »
En 2017, toujours en ce mois de Novembre, à Ouagadougou, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à rendre possible dans un délai de cinq ans, les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain. C’est ainsi qu’au mois de mars 2018, il pose alors les premiers repères de cet acte de restitution lors de la réception à l’Élysée, du président béninois :« Je souhaite que nous puissions travailler dès maintenant avec vous, cher président Talon, sur une plus grande circulation des œuvres entre nos deux pays », déclare alors Emmanuel Macron.
Après Sept mois donc le 23 novembre 2018, l’Élysée fait part de la restitution des 26 œuvres au Bénin : seront notamment rendues des pièces de l’ancien royaume du Danhomè, pillées par le colonel Dodds lors du sac du palais d’Abomey en 1892. Cette annonce survient le jour où les universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr remettent le rapport qui leur avait été commandé par Emmanuel Macron, concernant le sujet.
C’est alors que le processus s’engage. Cotonou demande à la France de soutenir la construction d’un musée à Abomey, pouvant accueillir les œuvres. En 2019, des missions de l’Agence française de développement et des ministères de la Culture et des Affaires étrangères se rendent sur place.
Le parlement français vote alors une loi spécifique, un an plus tard, le 17 décembre 2020, permettant cette restitution. Malgré que les sénateurs, qui souhaitent mieux encadrer la politique de restitutions, ont refusé de voter le texte, le retour de ces 26 pièces au Bénin a fait consensus. Le processus aura perduré près de trois ans. Tout n’aura donc pas été si simple, entre blocages, retards et autres.
D’autres processus, pour les béninois.
Pour les autorités béninoises, ces retours ne marquent pas pour autant la fin d’un processus, mais le début d’une nouvelle histoire qui doit se concrétiser à terme par d’autres restitutions.
« Nous poursuivons l’effort pour que, au-delà du premier effort de 26 pièces, celles qui ont été pillées par d’autres militaires et celles prises par des administrateurs coloniaux fassent également l’objet de discussions et qu’elles entrent dans le projet de restitution. Nous insistons toujours sur cette idée de restitution. Nous poursuivons l’effort pour que, au-delà du premier effort de 26 pièces, celles qui ont été pillées par d’autres militaires et celles prises par des administrateurs coloniaux fassent également l’objet de discussions et qu’elles entrent dans le projet de restitution. Nous insistons toujours sur cette idée de restitution, circulation, et la statue du dieu Gou reste réellement une quête majeure sur laquelle nous continuons de travailler. », a expliqué José Pliya, chargé de mission patrimoine et tourisme à la présidence béninoise.
En attendant d’autres retours, les 26 œuvres du trésor royal d’Abomey vont tout d’abord, retrouver leur pays d’origine, par une cérémonie prévue pour fêter leur arrivée sur le territoire béninois.
Prise des précautions particulières pour chaque œuvre.
Alain Godonou, directeur du programme musée à l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT) au Bénin, joue un rôle central dans le suivi de ces œuvres, y compris le constat de leur état: « De part aussi mes fonctions et de Part ma formation, c’est ma mission de suivre cette partie technique du travail qui se fait, en tant que conservateur et avec l’équipe dont deux des membres ont déjà assisté à la mise en caisse et au constat d’état de départ et qui vont faire la même chose à leur arrivé à Cotonou: participer au débarquement, au constat d’état du débarquement et au dispositif de réacclimatation. Mais, ce sont des précautions naturelles qui sont prises dans ce type de situation. Les caisses qui ont été commandées sont des caisses isothermiques, donc qui sont préparées pour amortir un peu les chocs climatiques et les chocs de toute nature», a-t-il expliqué, en parlant des précautions prises pour recevoir les pièces.
Chaque pièce est considérée comme importante : « C’est un moment particulier, un moment unique où nous participons au démontage des 26 œuvres, à leur emballage, à leur mises en caisse et à leur transfert. Il n’y a pas une œuvre qui prenne le dessus sur l’autre. C’est toutes les œuvres qui sont traitées de la même façon, chaque objet à sa spécificité, donc on prend soin à divers niveaux selon que l’objet présente une certaine particularité. On ne peut pas emballer une tunique de la même façon qu’on va le faire pour un trône ou une statue, non! Ça c’est un métier qui s’apprend et lorsque vous êtes conservateur, vous êtes appelés à manipuler les œuvres. Ça s’apprend, c’est des gestes techniques que nous répétons régulièrement au pays et que nous répétons ici avec nos collègues français », s’est expliqué Calixte Biali, conservateur du musée d’histoire de Quidah.
Toutefois, en attendant l’arrivée de ces œuvres, joyaux du Bénin, les Béninois se disent désormais très partagés à ce sujet. Certains accusent la France de ne restituer qu’une partie des œuvres, alors que d’autres sont tout au moins satisfait. L’accueil de ces Œuvres par Patrice Talon sera des plus somptueuse qui soit.