La vie des travailleuses handicapées au Bénin a changé grâce à la natte des tissus pour en faire des objets. Ces personnes vulnérables gagnent leur pain quotidien avec cet emploi qui leur permet désormais de subvenir à leur besoins.
Le travail de ces handicapées n’est pas seulement à leur bénéfice mais aussi à celui de toute la société. Car les bouts de tissus qu’elles utilisent étaient autrefois jetés partout et à la venue des pluies, ces tissus bouchaient les caniveaux, ce qui n’est plus le cas depuis un moment selon Lucrèce Sossou, couturière : « nous les collectons et des gens viennent les ramasser pour en faire des objets ».
Anne-Marie Afoutoutou compte parmi les employées handicapées de « Couleur indigo ». Cette dernière laisse son fauteuil roulant au pied d’un amas de bouts de tissu puis sur sa petite chaise en bois, elle tresse les morceaux de linge triés par couleur et au fil de la journée, les piles de tissu disparaissent et toutes sortes d’objets prennent forme, des sets de tables, des tapis ou des boucles d’oreille, vendus entre 7 et 40 euros.
Ces objets servent très souvent à la décoration des hôtels et ce n’est pas Marcel Adjanohoun qui le démentira. Ce dernier, à la tête de plusieurs hôtels à Ouidah, destination touristique sur le littoral à quelque 40 km de Cotonou la capitale économique, est l’un des clients de « Couleur Indigo » : « ce sont des objets qui me parlent beaucoup, donc je m’en sers pour décorer mon hôtel », explique l’entrepreneur.
Voilà comment Nadia Adanle, la fondatrice « Couleur indigo » avec sa petite entreprise a redonné espoir à des handicapés. Selon certains, le travail avec les personnes handicapées influence négativement la productivité ce que rejette en bloc la fondatrice : « contrairement à ce qu’avancent certains, travailler avec des personnes vivant avec un handicap n’altère en rien la productivité de l’entreprise ».
La plupart de ces employées se déplacent avec des béquilles ou en fauteuil roulant. Certaines qui n’avaient plus d’espoir ont vu leurs vies changer grâce à cette activité qui consiste à natter les bouts de tissus pour en faire des objets.
Aujourd’hui la société béninoise a changé de considération envers ces personnes qui, chaque matin, peuvent aussi sortir pour se rendre au travail. Pour tout dire leur situation de handicap a changé et c’est une leçon de vie à l’endroit des personnes vivant sans handicap.