Le capitaine Camara vit en exil au Burkina Faso depuis sa chute. Sous l’ère Professeur Alpha Condé, il a souhaité retourner au pays en vain. Après son départ du pouvoir, il a été remplacé par le Général Sékouba Konaté. Tous les deux sont « autorisés à visiter la Guinée mais s’ils veulent y rester aussi, à mon avis, il n’y aura pas de problèmes puisqu’ils sont tous les deux citoyens Guinéens », indique l’avocat de Dadis Camara.
La junte a, par souci de « renforcement de l’unité nationale et d’apaisement, accueilli favorablement les demandes de visite au pays » de Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, selon les termes d’un communiqué officiel lu, mardi 30 novembre, à la télévision publique.
Le gouvernement va « examiner au cas par cas les modalités concrètes des visites », précise le texte. « Cet acte purement humanitaire ne traduit en rien une volonté d’ingérence dans une quelconque procédure judiciaire. »
Selon le CNRD « cet acte purement humanitaire ne traduit en rien une volonté d’ingérence dans une quelconque procédure judiciaire ». Une référence au procès attendu du massacre du 28 septembre 2009, qui avait fait plus de 150 morts au stade de Conakry, et dont une délégation de la Cour pénale internationale a demandé en fin de semaine dernière la tenue d’ici trois mois. Moussa Dadis Camara a toujours clamé son innocence dans cet évènement.
Pour rappel mémoire, le 28 septembre 2009, des militaires avaient massacré au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans l’enceinte où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara, alors chef de junte, selon une commission d’enquête de l’ONU.
Depuis sa chute, le capitaine Camara (2008-2009) est exilé au Burkina Faso. il a tenté, en vain, de revenir au pays sous la présidence. Ce dernier a occupé le pouvoir de 2010 jusqu’à son renversement le 5 septembre 2021 par des militaires.
À l’époque, Moussa Dadis Camara a été remplacé par le général Sékouba Konaté, à la tête d’une transition qui a abouti à l’élection d’Alpha Condé en 2010.
Sékouba Konaté avait été interdit de rentrer en Guinée à la suite du coup d’État annoncé par le régime de M. Condé en juillet 2011. Plusieurs de ses proches avaient ensuite été arrêtés.
Les deux ex-dirigeants sont « autorisés à visiter la Guinée mais s’ils veulent y rester aussi, à mon avis, il n’y aura pas de problèmes puisqu’ils sont tous les deux citoyens Guinéens », selon Jean-Baptiste Jocaley Haba, un avocat du capitaine Camara.
Il n’était pas possible immédiatement de savoir, auprès des autorités guinéennes, si cette autorisation de visite était temporaire ou définitive mais l’essentiel et le plus important à retenir c’est l’écho favorable que leur demande a trouvé auprès de ces autorités.
« On leur a fait comprendre qu’ils avaient la liberté de rentrer dans leur pays, de s’y établir ou de venir pour un séjour court ou de retourner d’où ils viennent. Ce n’est pas important, ce qui est en tout cas de la part du gouvernement c’est de rappeler à chaque guinéen désormais de jouir de la liberté d’entrer, d’aller et venir du pays, cela n’a pas de limitation pour les anciens présidents », indique Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement.
La ministre guinéenne de la Justice par intérim, Fatoumata Yarie Soumah, a déclaré, vendredi 26 novembre, que le gouvernement se « préparait » à juger les auteurs du massacre au stade de Conakry en 2009, à l’issue d’une visite de la Cour pénale internationale dans le pays.
Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, qui s’est fait investir président de transition le 1er octobre, s’est engagé à rendre le pouvoir à des civils après des élections. Toutefois ce dernier s’est montré jusqu’alors défavorable à tout délai imparti à la transition.