Dix mille pas et plus. « A chaque fois, au bout de quinze ou vingt minutes de course, j’ai l’impression d’y voir plus clair dans ma tête », raconte cette experte qui fait du jogging trois fois par semaine.
Au fil de sa séance surviennent, par exemple, de nouvelles idées de sujets, l’attaque d’un article (son début) qui tardait à venir. Elle désamorce aussi des inquiétudes, en « trouvant dans sa tête qui court la bonne formule pour parler à quelqu’un, organiser quelque chose ».
Fondue de course à pied – sport auquel elle a consacré un essai, Petit Eloge du running la jeune experte a, elle, longuement décrit sur les ondes de France Culture comment sa pratique l’aide à construire l’histoire, les personnages, le suspense de ses livres.
Au fil des foulées et de la concentration qu’elles imposent, « tout ce qui est inutile quitte la pensée », assure-t-elle. Et de résumer : « Intellectuellement, on s’affine en courant. »
Ce constat que tête et jambes vont de pair ne date pas d’hier. « Au moment où mes jambes commencent à bouger, mes pensées commencent à couler, comme si j’avais donné de l’air au ruisseau à l’extrémité inférieure et qu’en conséquence de nouvelles fontaines s’y déversaient à l’extrémité supérieure », théorisait le philosophe Henry David Thoreau, au milieu du XIXe siècle.
Son contemporain Friedrich Nietzsche, grand marcheur, est même allé jusqu’à prétendre que « seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose ».