1er Mythe : « L’énergie nucléaire est une énergie renouvelable »
L’énergie nucléaire est certes verte, mais pas renouvelable. L’Homme ne crée pas de l’énergie à partir de rien. Il utilise des flux d’énergie naturellement présents dans la nature qu’il convertit en formes d’énergie plus facilement utilisables. Ces « sources » d’énergies d’origine naturelle sont appelées « énergies primaires ». On distingue parmi les sources d’énergie primaires, les énergies fossiles et les énergies faiblement carbonées. Les énergies faiblement carbonées, dites parfois aussi « énergies vertes » sont des sources dont la production d’énergie, contrairement à celle des énergies fossiles, n’entraîne pas ou peu d’émission de CO₂. Les énergies décarbonées se divisent encore en deux groupes : les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire. Parmi les énergies renouvelables, on peut citer l’éolien, l’hydraulique, la biomasse, la géothermie, et l’énergie solaire. L’énergie nucléaire est l’utilisation du flux de chaleur dégagé soit par la fission de noyaux d’uranium ou de plutonium (et récemment de Thorium), soit par la fusion nucléaire pour produire de l’électricité. La fusion nucléaire, encore au stade de recherche, consiste à fusionner deux atomes d’hydrogène. Du fait donc de sa dépendance aux gisements de combustible, l’énergie nucléaire n’est pas considérée comme une énergie renouvelable.
2e Mythe : « Les émissions des cheminées d’une centrale nucléaire polluent l’air »
Une centrale nucléaire est constituée de trois circuits : le primaire, le secondaire et le tertiaire aussi appelé circuit de refroidissement. Dans le circuit primaire, la fission des noyaux d’uranium ou de plutonium produit une très grande quantité de chaleur. Cette chaleur est transmise à l’eau du même circuit, la faisant atteindre une température allant jusqu’à 320 °C. Une pression de 155 bar appliquée à cette eau l’empêche de s’évaporer malgré sa température très élevée. Pour comprendre la non-évaporation il est important de noter que la pression dans les conditions usuelles comme pendant les cuissons à vapeur des pattes ou des tubercules est environ 155 fois plus basse, ce qui favorise une évaporation dès l’atteinte d’une température de 100°C.
L’eau froide contenue dans le circuit secondaire entre en contact avec l’eau très chaude du circuit primaire et produit une vapeur qui va faire tourner les turbines. L’alimentation de l’alternateur par les turbines en mouvement est à l’origine de la production de l’électricité. La vapeur issue du circuit secondaire est ensuite refroidie par une source d’eau du circuit tertiaire. Le circuit tertiaire est généralement fourni par de l’eau en provenance de la mer ou d’un fleuve. À l’issue du refroidissement, une partie de cette vapeur sera condensée en eau pour être réutilisée dans le circuit secondaire, et l’autre partie va être évacuée par la tour de refroidissement sous forme de vapeur visible. Il ne s’agit ici ni de CO₂, ni d’effluents radioactifs gazeux ou de n’importe quelle substance dangereuse imaginable, mais bien d’une simple vapeur d’eau que l’on voit s’échapper des cheminées d’une centrale nucléaire.
3e Mythe : « L’énergie nucléaire est synonyme de bombe atomique »
Depuis les événements tragiques des bombardements de Hiroshima et Nagasaki lors de la deuxième guerre mondiale, le nucléaire a été associé, de manière erronée, à la bombe atomique. Or, il s’agit bel et bien de deux entités complètement distinctes. De ce fait, il est important de distinguer le nucléaire civil du nucléaire militaire. Le nucléaire civil est l’utilisation des technologies nucléaires pour les applications non militaires, principalement la production électrique mais pas que. L’énergie nucléaire fait donc partie du nucléaire civile. De plus, pour une bombe nucléaire, il faut de l’Uranium ou du Plutonium avec un niveau d’enrichissement d’au moins 92%. Les centrales nucléaires fonctionnent généralement grâce à la fission de L’Uranium-235 (U-235) dont le niveau d’enrichissement va d’environ 0.7 à 20 %. L’U-235 usé peut être recyclé en combustible MOX, dont la teneur en Plutonium-239 (Pu239) va de 5 à 10%. Ces deux taux d’enrichissement sont bien loin des 92% nécessaires pour la fabrication d’une bombe. Il faut également noter que jamais il n’a été reporté, ce depuis les 64 années d’existence de l’énergie nucléaire, la production du Pu239 hautement enrichi dans les centrales nucléaires. En outre, des pays comme le Pakistan, la Corée du Nord et Israël possèdent des armes nucléaires sans toutefois avoir de l’énergie nucléaire. De même nombreux sont les pays qui produisent de l’énergie nucléaire sans être en possession de l’arme nucléaire. Tout porte à constater que l’un n’inclut pas l’autre.
4e Mythe : « Les applications du nucléaire se limitent à la production de l’électricité. »
Pour faciliter leur transport et les adapter aux besoins humains, les énergies primaires doivent souvent être transformées en énergies secondaires ou vecteurs énergétiques. Ces énergies secondaires sont ensuite reconverties lors de leur utilisation par l’Homme. S’il est vrai que l’électricité est le principal vecteur d’énergie possible pour l’énergie nucléaire, il n’est pas sa seule finalité. Cette électricité, réputée verte et produite en grande quantité est utilisée pour produire de l’hydrogène utile à l’industrie chimique. En plus de l’électricité, la chaleur qui est un autre vecteur de l’énergie nucléaire, est essentielle au fonctionnement des activités humaines, notamment domestiques (le chauffage des bâtiments, cuisine, etc). Le nucléaire sert également à l’exploration spatiale à travers les générateurs thermoélectriques à radio-isotopes (RPS) qui sont utilisés pour alimenter les engins spatiaux lors des missions en espace profond comme Persévérance en 2020 pilotée par la NASA.
Le nucléaire est également utilisé dans le domaine de la santé pour l’imagerie médicale, le diagnostic et le traitement des maladies comme le cancer. Dans le domaine de l’agriculture les techniques nucléaires sont employées par exemple pour l’irradiation des aliments, permettant ainsi de détruire les organismes nuisibles sans altérer leurs propriétés nutritionnelles afin de les préserver plus longtemps. Les investigations criminelles, la protection de l’environnement, la restauration des œuvres d’art sont d’autres applications non exhaustives qui font recours au nucléaire.
5e Mythe : « Le volume de déchets issu de l’énergie nucléaire est incontrôlable »
Il faut savoir que les déchets nucléaires ne proviennent pas seulement de la production de l’électricité, mais aussi de la médecine, la recherche et d’autres activités non électronucléaires. De plus le secteur du nucléaire est l’un des rares secteurs ou les déchets possèdent littéralement « une carte d’identité ». En effet, l’ensemble des déchets radioactifs produits est contrôlé et répertorié. Les producteurs de déchets déclarent chaque année leur production respective : volume, type, localisation, prévisions ; et toutes ces données sont recensées et mises à la disposition du grand public. Lorsqu’ils sont produits, les déchets nucléaires sont isolés de la population et de l’environnement afin que leur niveau de radioactivité décroisse jusqu’à atteindre le niveau naturel auquel nous sommes quotidiennement exposés. Dans le cas particulier de la France, selon la base de données Our World in Data, l’énergie nucléaire représentait en 2023 environ 65% de la production totale d’électricité avec 56 réacteurs nucléaires opérationnels faisant de lui le pays ayant la plus grande part d’énergie nucléaire dans son mix énergétique. Cette même année, le rapport de l’agence en charge de l’inventaire des déchets radioactifs en France (ANDRA) a reporté que la consommation annuelle par habitant d’électricité génère moins de 2 kg de déchets radioactifs, value très inférieure lorsque comparée aux 100 kg de déchets non radioactifs et plus toxiques.
En définitif, l’énergie nucléaire comme toute autre forme d’énergie a des pours et des contres. Chaque pays devra donc choisir la forme d’énergie qui lui correspond en fonction de ses besoins mais aussi de ses capacités. Cela dit le choix de certaines nations africaines de se tourner vers le nucléaire est judicieux lorsqu’on vise atteindre sa souveraineté énergétique sur du long terme.