Une loi qui exhorte à maintenir la criminalisation des relations sexuelles entre personnes de même sexe, mais pas celle du fait d' »être homosexuel ». Il n’en fallait pas plus pour voir les populations s’insurger.
Ledit projet de loi, adopté le 21 mars 2023 et qui prévoit d’importantes peines pour les personnes associées ou impliquées dans des relations dites homosexuelles, a suscité l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme et des gouvernements occidentaux présents dans le pays.
Ces organisations ont menacé de prendre des sanctions. Avertissement auquel l’homme du peuple n’a pas fait la sourde oreille au point de déclarer : « Je renvoie le projet de loi au Parlement pour réexamen » a écrit Yoweri Museveni, estimant que « certaines dispositions doivent être considérées et revues ». Une lettre lue par le vice-président du Parlement, Thomas Tayebwa, devant les élus réunis en session.
Pour les Ougandais l’intrigue est au rendez-vous. Le chef de l’État, qui qualifie lui-même régulièrement l’homosexualité de « déviance » a expressément demandé aux élus de « faire une distinction entre être homosexuel et se livrer à des actes homosexuels ».
« Il est clair que notre société n’accepte pas les comportements ou les actes homosexuels, aussi la proposition de loi doit-elle être claire pour que ce qui est incriminé ne soit pas l’état d’une personne ayant une propension déviante mais plutôt les actes d’une personne agissant sur cette base ou la promouvant », écrit-il.
« Le projet de loi devrait être révisé pour inclure une disposition qui stipule clairement qu’une personne présumée ou soupçonnée d’être homosexuelle et qui n’a pas commis d’acte sexuel avec une autre personne du même sexe ne commet pas d’infraction », poursuit-il.
Le 20 avril 2023, les élus de la nation ont déploré « la contribution du président Museveni à la rhétorique de la haine envers les personnes LGBT+ » ajoutant que « les relations entre l’UE et l’Ouganda seront perturbées si le président promulgue le projet de loi ».
Les conséquences sont donc connues : La Maison Blanche a mis en garde l’Ouganda contre les « conséquences économiques potentielles. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé le texte comme étant « discriminatoire, probablement le pire de son genre dans le monde ».
L’homophobie bat son plein en Ouganda, comme dans toute l’Afrique de l’Est. Le harcèlement et l’intimidation sont le lot quotidien des homosexuels en Ouganda, où s’est développé un prétexte adossé sur un christianisme évangélique particulièrement fougueux à l’égard du mouvement LGBT.