De nombreux volontaires ramassent régulièrement d’énormes quantités de tongs, mais aussi de bouchons de bouteille, de brosses à dents ou d’emballages de bonbons sur les plages kényanes. Il s’agit des objets en plastique charriés par les rivières ou par le ressac des vagues, depuis l’autre bout de la planète. Ces objets menacent la stabilité écologique de plusieurs pays africains. De tous ces objets, les tongs sont visiblement en grande quantité.
» Les tongs sont la paire de chaussures la plus courante, la plus abordable pour beaucoup de gens ; riche, pauvre, tout le monde en a une paire. Comme elles sont très abordables, quand une paire est usée, il suffit de la jeter et d’en acheter une nouvelle » Lillian Mulupi, employée à Ocean Sole.
Toutefois plusieurs débrouillards kényans exploitent cette situation dans le bon sens. Après le ramassage de ces sandales, direction Nairobi dans un atelier, où elles sont minutieusement nettoyées, puis collées pour constituer des plaques multicolores.
Une fois le nettoyage terminé, les artisans prennent le relais, les sculptent avec brio en divers objets, dont des animaux, petits ou grands, qui trouvent preneurs principalement à l’étranger.
Il faut signaler que les tongs ne proviennent pas uniquement des plages, mais aussi des rivières et des caniveaux des bidonvilles de Nairobi.
« Chaque semaine, nous recevons environ 1,2 tonnes de tongs, alors si l’on convertit ce chiffre en mois et ensuite, en année entière, cela fait en fait plus de 40 tonnes par an. Ce sont beaucoup de tongs. De plus, les artistes qui travaillent ici sont pour la plupart issus de la sculpture sur bois. De ce côté-là, nous sauvons des arbres, ce qui est bon pour notre environnement » souligne Jonathan Lenato, superviseur à Ocean Sole.
Les artisans parviennent aussi à fabriquer de plus grandes pièces, comme des éléphants ou des girafes d’environ deux mètres qui sont vendus à plusieurs centaines de dollars. Pour cela, il leur faut de la matière première provenant entre autres du polystyrène extrait de vieux réfrigérateurs.
Mais l’entreprise fait face à une marée de plastique qui s’accumule sur ses côtes. Le sommet de Nairobi se tient ce 28 février et très certainement, le fléau croissant des déchets plastiques sera au cœur des négociations.