Perruque multicolore sur la tête, madame est debout. À ses côtés, monsieur est assis sur une chaise. À chacun de monter des stratégies pour prendre la place de l’autre. Voilà qui donne l’allure de ce festival dont l’objectif est non seulement de créer un futur public pour le théâtre, mais aussi de dénicher des talents parmi les plus jeunes.
« La place de l’autre », c’est justement le nom de la pièce de Jean-Luc Lafarce, interprétée ici par Odin et Richard, deux acteurs du centre Unyanga, devant un jeune public. Nicole a 11 ans, elle assiste pour la première fois à un spectacle : « Ici, on est là présent, en face des acteurs, on les voit, on assiste à leurs jeux, c’est intéressant ».
Ce festival connait la participation des jeunes au talent multidimensionnel, lequel fait la fierté de plusieurs passionnés du théâtre comme Huit Mulomgo, acteur, aujourd’hui à la retraite : « C’est une pièce de grand ça ! On sent que nous pouvons passer, mais la relève se prépare. C’est un grand plaisir et ce sont des fortes émotions ».
Mais cette joie n’est pas au dessus de celle des organisateurs, celle de Cécile Pemba, directrice du festival Unyanga en est un exemple parmi tant d’autres. Elle est la plus heureuse. « Ces jeunes ont commencé à jouer quand ils avaient 10 ans, » explique-t-elle. Son rêve d’initier les jeunes au théâtre se réalise, dit-elle. « Aujourd’hui, ils ont 18 ans et je me rends compte qu’ils ont grandi et qu’ils peuvent maintenant jouer dans de grandes troupes ».
Toutefois, la jeunesse des acteurs n’est pas la seule attraction dans le festival, il y a aussi l’écriture des pièces de théâtre qui ne laisse les auteurs congolais indifférents. « De plus en plus, il y a des jeunes qui écrivent. Mais ce qui est plus important, ce sont ceux-là qui émergent. Ici, je fais d’abord allusion à Djo Ngeleka, il est parmi les dix lauréats du concours RFI de théâtre avec sa pièce « Le lac ». Il y a Mickael Disanka, lui aussi c’était un acteur de théâtre et de mise en scène, mais voilà qu’il s’est mis à écrire ses propres pièces. Et aussi Sinzo Aanza qui est parti de Lubumbashi et qui se confirme maintenant dans l’écriture dramatique », explique le professeur Fabien Kabeya, enseignant du théâtre à l’université de Lubumbashi, qui affirme que la relève est assurée.
« Toutes ces choses nous montrent que notre théâtre a encore de l’avenir et qu’il y a de l’espoir, car les jeunes, tant sur la scène que dans l’écriture, ils ont du talent et surtout leurs talents sont reconnus ».
Le festival Unyanga se poursuit avec des spectacles tournants, toujours au profit des plus jeunes.