Le contexte de ce second sommet est accentué sur l’accord céréalier, l’influence géopolitique de Kremlin, les conséquences de la rébellion du groupe paramilitaire Wagner, les nouveaux partenariats avec l’Afrique et le conflit russo-ukrainien.
Parmi les pays africains présents à ce 2e sommet, nous avons entre autres : Le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la RCA, l’île des Comores, le Congo, l’Égypte, l’Érythrée, la Guinée Bissau, la Libye, le Mali, le Mozambique, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, l’Union Africaine, le Nigéria, l’Algérie, l’Éthiopie, le Maroc et la Mauritanie.
Pour le Cameroun, c’est la première fois que le Président du pays, Paul Biya foule le sol russe pour participer à ce sommet Russie – Afrique (le 1er organisé en 2019 à Sotchi). C’est donc une visite officielle historique qui s’ajoute au sommet États-Unis – Afrique 2022 et au sommet pour un nouveau pacte financier mondial de fin juin 2023 à Paris.
Vladimir Poutine, le patron du Kremlin a échangé avec ses homologues africains sur divers sujets à savoir : La coopération économique en l’Afrique et la Russie, la question des céréales et le conflit en Ukraine.
Annulation de la dette de l’Afrique : Un pas vers la lutte contre la pauvreté.
« Je tiens à signaler que nous avons annulé plus de 20 milliards de dollars de dettes, nous avons annulé bien plus que n’importe quel pays du G8. Nous prévoyons de prendre des mesures supplémentaires pour alléger le fardeau de la dette », a révélé Vladimir Poutine, le Président de la Russie.
De plus, la quantité de la dette annulée résulte de la coopération militaire et du développement infrastructurel au cours de la période post-coloniale. En dehors cela, le président russe a annoncé que Moscou va allouer 90 millions de dollars (soit 54 367 920 000 de FCFA) pour le développement en Afrique.
Le continent africain contribue à hauteur de 3% concernant le PIB mondial. Un chiffre bien en dessous de ce que pourrait produire l’Afrique qui détient plus de 40% des minerais au monde.
« Il est temps pour le continent dont le PIB nominal a connu une croissance de 50%, de devenir émergent sur le plan économique », a ajouté le président russe, Vladimir Poutine.
Moscou estime que la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité et d’autres structures de l’ONU devrait être élargie. Elle est même prête à aider les pays africains à ouvrir de nouvelles ambassades et de nouveaux consulats en Russie.
Des céréales gratuits pour 6 pays africains.
« Dans les 03 ou 04 mois à venir, nous serons à mesure de donner au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la RCA et à l’Érythrée 25 à 50 milles tonnes de céréales à chaque pays. Nous nous chargerons de leur transport qui sera gratuit », promet Vladimir Poutine.
En effet, cette décision de la Russie de fournir directement des céréales aux pays africains intervient après le refus de Moscou de renouveler l’accord international d’exportation des céréales à travers la mer noire : Accord Russie – UE – Ukraine. Cette nouvelle de Moscou a été annoncée le 17 juillet 2023 et cet accord permettait entre autre de maintenir le flux de denrées alimentaires en provenance de l’Ukraine à destination de plus de 40 pays sur trois continents (Europe, Asie et Afrique).
Un esprit d’unité : La bonne conduite pour véritablement parler de coopération avec l’extérieur.
Né le 09 février 1980 à Faranah en Guinée, Dansa Kourouma est à la fois un acteur de la société civile, un médecin et un expert électoral. Depuis le 22 janvier 2022, il occupe le poste de Président du conseil national de la transition de Guinée.
« L’Afrique doit coopérer en étant un bloc soudé avec tous les pays du monde. C’est en cela la vision africaine sur la zone de libre-échange continental, sur tous ses projets régionaux futuristes qui peuvent être examinés si l’Afrique a la possibilité de discuter avec le reste du monde en étant un bloc compact », indique Dansa Kourouma, le Président du conseil national de la transition en Guinée.
De nouvelles pistes de travail en Afrique pour un partenaire privilégié.
« Une population africaine qui est de plus de 75% jeune de moins de 50 ans. Je pense que c’est important de travailler sur de nouvelles pistes dont la technologie et l’entrepreneuriat qui sont les domaines sur lesquels nous devons échanger avec la Russie pour réorienter cette coopération », estime t-il.
De son côté, Évariste Ndayishimiye est le Président du Burundi depuis le 18 juin 2020. Il est né le 17 juin 1968 dans la province de Gitega. Il est militaire et homme d’État burundais.
« Le Burundi désormais sorti de sa crise sécuritaire et des sanctions prises contre lui, veut renforcer sa coopération militaire pour préserver son intégrité territorial et la sécurité de ses citoyens. A cet effet, je sollicite Monsieur le Président auprès de votre bienveillance, d’appuyer le Burundi dans le cadre de la sécurité des institutions par des moyens logistiques et ou la sécurité de communication. Je m’en voudrais de ne pas vous inviter à effectuer une visite au Burundi à une date de votre convenance qui sera fixée par votre agenda diplomatique », déclare le Président du Burundi, Evariste Ndayishimiye.
Il est nécessaire de le rappeler, le Burundi est un pays de l’Afrique de l’est qui n’a pas d’accès à la mer. Il détient une population de 11 865 821 habitants pour une superficie de 27 834 km². Le pays connaît une guerre civile qui est le conflit le plus long et violent dans son territoire. Il s’agit d’une lutte interethnique meurtrière qui se déroule entre les Hutus (25% de la population burundaise) et les Tutsis (15% de la population burundaise). Ce conflit représente également une sorte de bataille pour le pouvoir politique et économique.
La souveraineté nationale a t’elle changée de principes à l’insu de l’opinion publique ?
« Nous condamnons l’usage quelque fois abusive des Droits de l’Homme par certains acteurs qui le font pour influencer les politiques intérieures des autres États et ou à réguler la géopolitique mondiale. Les tensions entre les grandes puissances que ce soient les tensions militaro-stratégiques et commerciales. En matière de coopération économique, le Burundi estime que dans sa bonne dynamique, que l’on devrait laisser le libre choix aux pays souverains de choisir leurs partenaires selon la volonté donnée au peuple. A ce propos il importe de signaler que nous sommes très préoccupés par les sanctions que certaines puissances sont capables d’infliger à un pays qui ne suit pas l’ordre qu’elles ont créées », s’indigne le Président du Burundi, Evariste Ndayishimiye.
Concernant les questions internationales, la Russie estime que ses positions convergent avec celles des pays africains, car le pays et le continent africain ne sont pas d’accord avec les sanctions unilatérales et les mesures restrictives « punitives » à l’encontre des États. Ils sont contre l’utilisation du climat, des Droits de l’Homme et de l’« agenda du genre » à des fins politiques douteuses.
Plus loin, Poutine pense que la situation dans de nombreuses régions d’Afrique reste instable, car il s’agit de l’héritage de l’ère coloniale et de la politique « diviser pour mieux régner » de l’Occident. Il rappelle et prévient que l’Afrique est en train de devenir un nouveau centre de pouvoir et tous les acteurs devront en tenir compte de celà.
Au sujet du putsch au Niger, l’implication de la Russie n’est pas jusque là élucidée. Les faits : Après le coup d’État d’octobre 2022 au Burkina Faso, des chaînes Telegram pro-russes ont suggéré le Niger comme le prochain pays cible d’un coup d’État. C’est ainsi que des réseaux sociaux de désinformation appartenant au groupe paramilitaire Wagner avaient tenté à deux reprises de créer des rumeurs d’un putsch commandité par la Russie au Niger. Le groupe Wagner s’est même servi d’une campagne bien calculée en février 2023 durant le voyage à l’étranger du président Bazoum.
In fine, au sujet du conflit russo-ukrainien, le Président russe Vladimir Poutine rassure que la Russie respecte les initiatives de paix de l’Afrique et les examine attentivement.
Ce deuxième sommet entre la Russie et l’Afrique qui a pris fin ce 28 juillet 2023 a rempli toutes ses promesses à l’exception d’un taux de participation réduit des pays africains contrairement à la première édition en 2019. Nul ne doute que pendant un combat d’éléphants, les fournies sont les plus affectées. Ainsi, un espoir demeure sur le fait que l’Afrique puisse jouir des principes de la souveraineté nationale et savoir choisir les bons partenaires pour sortir idem de ces conflits socioéconomiques.