Selon les autorités, les malfaiteurs ont créé une atmosphère de panique en dévalisant les fidèles à leur sortie de ce rassemblement appelé « croisade ». Cette croisade a drainé du beau monde, particulièrement des fidèles pendant deux jours autour d’un prêcheur très populaire sur un terrain de football dans le quartier pauvre de New Kru, dans les faubourgs est de la capitale.
« Au moment où on sortait, des zogos (voleurs sévissant dans la rue) armés de couteaux ont commencé à demander l’argent et les téléphones »,
a dit Elisabeth Wesseh, 34 ans.
« On a pris peur et on s’est mis à courir, mais la porte était trop petite pour tout ce monde. Ceux qui tombaient, on leur marchait dessus », a-t-elle dit.
« La bousculade a été causée par un groupe de jeunes garçons qui essayaient de dévaliser les premiers à partir »,
a corroboré le porte-parole de la police, Moses Carter. Selon ce dernier c’est la peur d’être volé qui a semé la panique chez les fidèles. « Quand les autres les ont vus revenir en courant, ils ont été pris de panique », a-t-il dit.
A l’hôpital de la Rédemption, où 15 blessés, dont sept enfants ont par ailleurs été admis, le ministre adjoint de l’Information Jallawah Tonpoe a fait savoir que Onze enfants et une femme enceinte figurent parmi les 29 défunts.
Le porte-parole de la police a, quant à lui, laissé entendre qu’un certain nombre de blessés étant encore dans un état critique, ceci fait craindre l’alourdissement du bilan du drame.
Cinq individus ont été arrêtés parmi lesquels le prédicateur, le pasteur Abraham Kromah, interrogé au siège de la police.
A la demande du président George Weah une enquête exhaustive devrait être ouverte pour établir les responsabilités.
« C’est une triste journée pour nous », a-t-il dit à l’hôpital de la Rédemption où il s’est rendu. Il a assuré que des dispositions seraient prises pour qu’à l’avenir un personnel de sécurisation suffisant soit mobilisé autour de rassemblements religieux aussi importants pour canaliser les mouvements.
Selon les services de police, George Weah a déclaré trois jours de deuil national tout en ordonnant que tous les drapeaux soient mis en berne sur les édifices publics du pays.
Au Libéria, pays très religieux et majoritairement chrétien, les croisades, caractérisées par leur ferveur, sont très récurrentes.
Voilà un autre drame qui vient enfoncer davantage ce pays qui peine toujours à se remettre de deux guerres civiles qui ont fait quelque 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés entre 1989 et 2003. Ces deux guerres civiles sont la cause de l’effondrement de l’Etat, dévastant l’économie et les infrastructures industrielles.
C’est l’un des trois pays à avoir été plus affectés par la maladie à virus Ebola qui s’est déclarée en Afrique de l’Ouest en décembre 2013, et a duré plus de deux ans, causant plus de 11.300 morts, dont plus de 4.800 au Liberia.
Plus récemment, la pandémie de Covid-19 a encore entravé l’effort de redressement.
Le Liberia est coutumier des drames humains. Rappelons qu’une bousculade au cours d’une manifestation religieuse analogue avait causé la mort de deux bébés dans le centre du pays en novembre 2021.
Entre 15 et 17 personnes avaient été portées disparues après un naufrage au large de la côte sud-est en juillet 2021. Une cinquantaine de personnes avaient péri dans l’effondrement d’une mine dans le nord-ouest en mai 2020.