Selon l’UNESCO, l’objectif de cette inscription est de protéger le patrimoine culturel immatériel. Ledit patrimoine donne l’opportunité aux personnes et aux communautés de se distinguer par leur histoire, leur nationalité, leur langue, leur idéologie et leurs valeurs.
Cela fait exactement quinze ans que les scientifiques et les communautés travaillent en étroite collaboration y compris les écoliers, pour y arriver. En 2017, face à un déclin de la diversité alimentaire du pays, des chercheurs ont pris conscience et ont attribué cette diversité alimentaire à l’évolution des modes de vie et à l’augmentation des plats préparés moins nutritifs. Cette décision était aussi due au fait que les colonialistes encourageaient les habitants à mépriser leurs sources d’alimentation traditionnelles.
Aujourd’hui, certaines personnes comme Jodeh Kinyanjui, un maraîcher de 61 ans, se souviennent de l’époque où les pratiques agricoles étaient différentes.
« Autrefois, nous ne pulvérisions jamais de pesticides sur les légumes traditionnels, car ils poussaient naturellement sans cela. Nous ne faisions qu’ajouter un peu d’engrais. Nous dépendions également des précipitations pour l’eau. C’est l’avantage des légumes traditionnels », a-t-il déclaré.
La plupart des gens ordinaires, ici n’ont pas moyen de se procurer la viande, considérée comme excessivement chère même si le poisson d’argent, appelé omena ou dagaa, du lac Victoria qui se vent à vil prix et bon marché est très populaire. L’abondance des poulets n’est pas à démontrer dans ce pays mais leur élevage sert essentiellement à la commercialisation pour couvrir les besoins financiers du ménage. Ces poulets sont consommés pendant des occasions spéciales.
Il cependant noter que le rôle joué par la colonisation sur les régimes alimentaires a été très significatif. Patrick Maundu, ethnobotaniste aux Musées nationaux du Kenya et l’un des chercheurs impliqués dans la campagne fait savoir qu’à cette époque, plusieurs personnes ont fini par considérer les légumes traditionnels comme inférieurs à d’autres légumes tels que la pomme de terre, le chou, le chou frisé entre autres.
Les résultats de certaines recherches ont monté que les 220 espèces de légumes traditionnels disponibles au Kenya sont consommés par quelque 60 communautés du pays. Une fois encore, la colonisation est pointée du doigt face à cette situation. Car pour certains, pendant la période coloniale, des populations ont subi un lavage de cerveau leur faisant croire que ce qui était à eux n’était pas bon pour leur santé. Ce qui a amené beaucoup de personnes à abandonner leurs propres légumes traditionnels au profit de ce qui vient de l’extérieur.
Mais l’influence coloniale était très loin de stopper les ambitions des chercheurs de ce pays qui ont continué à travailler au fil des ans, en collaboration avec l’UNESCO. Ces chercheurs étaient réunis dans deux groupes locaux, le programme sur les légumes-feuilles africains et le programme sur les traditions alimentaires. Leurs travaux étaient basés sur l’étude des aliments traditionnels du Kenya et la manière dont ils étaient préparés et consommés.
C’est ainsi que ces derniers se lancent dans une mission visant à promouvoir rigoureusement les légumes traditionnels, qui sont également mieux à même de résister à des climats plus chauds. Cela ne sera possible que grâce à un partenariat entre Biodiversity International et les Musées nationaux du Kenya.
Aujourd’hui ce groupe dirige un restaurant spécialisé dans la cuisine et le service de plats traditionnels dans la capitale Nairobi.
Notons que les restaurants de nourriture traditionnelle font aussi partie de l’avenir de l’Afrique. Car certaines maladies sont très souvent causées par la consommation des aliments venant de l’extérieur.