Face au coût élevé de la vie au Kénya, chaque citoyen attend desormais les réalisations du nouveau président comme la mane du ciel. Mais en avant cela, chacun se débrouille comme il peut pour s’en sortir. C’est le cas pour Peter Moth qui exploite chaque mètre carré de terre de son jardin dans le bidonville de Nyalenda à Kisumu : « Je fais pousser des ignames, du nyébé, et des potirons. Je les achetais presque tous les jours mais je me suis dit que cet argent pouvait servir à autre chose ».
Peter est au chômage. Ce potager lui permet de subvenir aux besoins de sa famille et même de vendre quelques légumes. Soit une solution salutaire pour ce père de trois enfants : « La situation économique est très difficile, tous les prix ont augmenté, le maïs qu’on utilise pour la farine, le sucre… C’est pour ça que je me suis lancé dans le jardinage. C’est un petit espace mais au moins ça me permet de réduire mon budget de légumes ».
Au départ pour l’aspect environnemental, Rahmina Paulette a elle aussi poussé sa famille à cultiver ses légumes. Et encourage son quartier à faire de même : « Nos voisins des deux côtés ont aussi leur jardin maintenant. Cultiver ses légumes coûte moins cher que de les acheter. Avec cette crise économique, ça permet à beaucoup de familles, surtout dans les bidonvilles, d’avoir accès à manger. »
Le coût de la vie était une préoccupation de taille pour les kényans pendant la campagne. Selon un sondage de l’institut Tifa, réalisé peu avant le scrutin, 42 % des interrogés citaient leurs difficultés économiques comme point négatif majeur du bilan du président sortant, Uhuru Kenyatta. Lequel était le principal soutien de Raila Odinga.
Raila Odinga a par ailleurs rappelé lors d’une discussion avec des leaders religieux samedi, son intention de contester les résultats devant la justice, tout en appelant à maintenir la paix.
Les opposants de William Ruto, déclaré vainqueur de la présidentielle, ont jusqu’au lundi 22 août pour déposer leurs recours.
En rappel, Uhuru Kenyatta alors président du Kenya avait annoncé dimanche 1er mai une augmentation de 12 % du salaire minimum pour compenser la flambée du coût de la vie, quelques mois avant les élections présidentielle et législatives.
L’inflation avait atteint en avril son plus haut niveau depuis sept mois dans le pays d’Afrique de l’Est, principalement en raison de la montée en flèche des prix du carburant et des denrées alimentaires, selon les chiffres officiels.