Ibrahima Soumaré a la main hésitante. Matériel de dessin en main, il couche soigneusement quelques lettres sur une feuille blanche. Peu satisfait, il efface et reprend. Le défi du jour est de dessiner un graffiti avec le mot « top ».
Il fait partie de la troisième promotion des élèves de l’école de graffiti de la capitale sénégalaise. Ils y recevront pendant six mois trois cours par semaine. Un mélange de cours théorique et pratique sanctionné par une attestation reconnue par l’État sénégalais.
« J’étais à l’école mais je n’arrivais plus à me concentrer sur mes études, et comme je me sentais très à l’aise avec le dessin, j’ai décidé de quitter l’école pour venir ici, pour améliorer mes compétences, pour me perfectionner », explique Ibrahima Soumaré.
L’idée pour ces initiateurs est de former des professionnels. Le graffiti apparu au Sénégal vers la fin des années 80, est un art décoratif qui couvre une bonne partie de Dakar et de sa banlieue.
« C’est une première parce qu’on a déjà vu des ateliers de graffiti ici au Sénégal, des sessions de live painting, des choses comme ça. C’était juste des moments fixes pour partager avec les jeunes, pour partager des expériences. Mais là, ce qu’on a voulu faire, c’est d’avoir un bastion, d’avoir un endroit où on peut vraiment partager notre expérience avec d’autres jeunes qui sont passionnés par le graffiti », raconte Chérif Tahir Diop (Akonga), artiste graffeur.
Tableaux et graffitis rivalisent de beauté et de couleurs dans les couloirs du bâtiment de deux étages qui abrite l’école. C’est par passion que ces élèves s’inscrivent ici. Le métier n’offrant que très peu de débouchés.
« En fait, l’idée n’était pas d’éduquer les jeunes à utiliser cet art comme un moyen de gagner de l’argent, même si c’est parfaitement légitime et légal. Mais aussi des jeunes qui comprennent les réalités de leur époque, qui comprennent les réalités de leur peuple, qui comprennent aussi le sacrifice qui a été fait pour nous amener à ce point », explique Serigne Mansour Fall (Madzoo), artiste graffeur et l’un des fondateurs de RBS Akademya.
Malgré leur discrétion les artistes graffeur professionnels affirment subir des pressions de la part du pouvoir depuis une fresque jugée critique représentant le président sénégalais Macky Sall.