Avant les travaux de Carl Gustav Jung, on pensait que les cas de bipolarité étaient singuliers et rares (on dit pathologiques dans le jargon). Mais après avoir effectué des milliers de psychanalyses avec des personnes de tous les profils : de pays et continents très éloignés géographiquement et culturellement, il est arrivé à l’hypothèse suivante : Nous avons TOUS deux personnalités bien distinctes qui ont chacune leur temps d’antenne dans la vie d’une personne. Seulement, leur expression n’est généralement pas aussi prononcée que chez les personnes dites bipolaires.
Quand on y pense deux secondes, cela fait du sens : lorsque des personnes dans un bar sont saoules et commencent à se comporter très inhabituellement, on dit souvent qu’elles montrent leur ‘’vrai’’ visage. Ne se pourrait il pas que ce soit juste cette deuxième personnalité qui ait pris le relai ?
Je connais par exemple un ami non bipolaire à priori, qui change de personnalité lorsqu’il a mangé à sa faim : Dans son état normal, il est un gars intelligent, posé et raisonné ; mais après être reput, il se transforme en une machine à parler : il dit tout ce qui lui passe par la tête, et il divulgue même parfois des secrets d’autres personnes.
Vous me direz sans doute : ‘’Didier, c’est bien tout ça ; mais concrètement, comment est ce que moi je serais bipolaire ? Et quel est même le rapport entre tout ce que tu racontes là et l’intuition ?’’.
Le point justement c’est que vous ne pouvez pas dissocier les actions que vous avez au quotidien de cette deuxième personnalité : lorsque vous êtes dans un état de stress, cela implique un conflit interne violent entre ces deux personnalités qui s’entre choquent pour le pouvoir.
Cet article est justement l’explication à ces situations où : vous vous retrouvez à faire exactement l’opposé de ce que vous voulez ; où vous ne faites pas ce que vous voulez malgré votre volonté (cours, vaisselle, etc.) ; ou que vous voulez une chose et son contraire en même temps.
Ce n’est pas que vous ne savez pas ce que vous voulez, c’est plutôt que vous contenez deux personnalités qui veulent des choses différentes et parfois contradictoires.
En revanche, discerner ces personnalités vous aidera à utiliser quand il le faut les avantages qu’offrent chacune de ces deux versions de vous dans les moments les plus appropriés.
Evidemment, je ne peux pas être absolument concret avec de tels concepts. Donc, autant nous serons dans une démarche concrète (avec des exemples précis), autant nous serons dans une démarche totalement abstraite (aussi simplifiée que possible, vous me connaissez 😉).
Il n’est pas impossible que transparaisse en filigrane de cet article ma double culture scientifique et chrétienne ; mais ne vous en faites pas : aucun des deux ne sera au cœur du propos. Au mieux, ils serviront d’illustration.
Comme d’habitude, tout sera vulgarisé et avec le moins de termes techniques qu’il m’est possible.
C’est aussi important pour moi de rappeler que vous êtes libres dans vos croyances : je ne vous impose rien. Vous êtes libres d’être en phase avec ce qui est dit ici, ou pas.
Je vais donc vous demander s’il vous plait de lire cet article sous le prisme de votre propre expérience de vie pour essayer si possible de dégager des éléments pouvant vous rendre plus intuitifs au quotidien.
I. Approcher l’inconscient
- Carl Gustav Jung
Carl Gustav Jung fait partie de ces rares hommes qui ont vécu de leurs idées quasiment toute leur vie (c’est lui a inventé les mots introversion et extraversion).
Pour rencontrer Jung, il fallait être une sommité mondiale, et prendre un rendez-vous une année avant, pour un entretien d’une durée d’1h30 min. En 1h, vous posez votre problème, et les 30 dernières minutes vous avez la solution.
Les travaux de Jung sont extrêmement difficiles à comprendre pour le grand public. C’est ainsi que John Freeman (qui a écrit l’introduction de ‘’Man and his symbols’’) a essayé de convaincre Jung d’écrire un livre grand-public. Jung l’a écouté attentivement et a ensuite répondu ‘’non’’ (de la manière la plus douce possible).
En général, Jung ne revient pas sur ses décisions ; mais quelque temps après son entretien avec John, il a fait un rêve étrange : Il se voyait devant une foule de personnes (différente des experts avec qui il discute en général) qui l’écoutait et comprenait ce qu’il dit.
C’est ainsi que Jung (faisant sa propre psychanalyse) a finalement décidé d’écrire le livre vulgarisé (quoi que toujours difficile à appréhender) : ‘’L’homme et ses symboles’’ ; et il est décédé 10 jours après sa dernière relecture avant publication à l’âge de 86 ans.
Sans ce rêve, le livre ‘’L’homme et ses symboles’’ n’aurait jamais existé ; ni cet article par conséquent ; ni même beaucoup de films et séries qui ont repris ses idées (le concept d’inconscient collectif de Code Geass par exemple vient de Jung).
- Le langage de l’inconscient
Le concept d’inconscient de Jung transcende le subconscient de Freud. Le subconscient serait si vous voulez le résidu d’inconscient qui remonte à la conscience.
Mais l’inconscient quand a lui est une boîte noire totalement impénétrable par nos outils conscients. En l’occurrence, l’inconscient ne communique pas grâce à des mots et un alphabet ; mais plutôt au moyen de symboles dont la forme et l’interprétation dépend de la culture et peut s’observer soit dans des rêves, soit par des intuitions.
Par exemple, dans beaucoup de cultures africaines, on retrouve des statuts de lion qui sont des symboles représentants différents concepts en fonction de la culture justement. Il peut représenter la force dans une culture, dans une autre la royauté, dans une autre satan, etc…
De même, le serpent sera l’image représentant un symbole dont l’interprétation varie selon la culture.
Lorsque vous rêvez par exemple d’un lion qui conduit un train et fait un accident, cela n’a à priori absolument aucun sens pour notre raisonnement logique ; mais transposé dans le langage inconscient, il devient juste une superposition de symboles à étudier séparément : le lion, le train, et l’accident.
Maintenant, une grande remarque que l’on peut faire c’est que si vous demandez à vos amis qui s’appellent Njock ce que leur nom signifie, ils vous répondront sans doute ‘’éléphant’’. Si vous leur demandez ce que représente un éléphant, ils vous donneront sans doute une réponse bien détaillée. Par contre, si vous leur demandez d’où provient ces interprétations, il y a fort à parier qu’il n’y ait pas de réponse, ou bien qu’ils vous disent que ‘’C’est comme ça qu’on interprète !’’.
Et c’est le fait que dans différentes cultures il y ait éventuellement différents symboles, mais qui représentent la MÊME image primordiale qui fait penser qu’il s’agit d’une réalité qui va bien au-delà à la fois de la culture, mais même de la génétique.
Parmi les représentations humaines de ces images, on retrouve le concept de jumeau maléfique (dans Naruto, quand il voulait dompter Kurama), l’âme sœur (la Belle et la Bête), la perfection (la représentation du soleil dans Fullmetal Alchemist Brotherhood), l’enfant-divin (Hercule), la grand-mère (Sorcière du village), le vieux-sage (Dumbledore), la Pierre philosophale (l’immortalité), etc.
Ce sont ces images primordiales que Jung appelle les archétypes.
- Les archétypes
Le mot archétype vient du grec ancien et signifie modèle primitif. Ils apparaissent dans les mythes, mais aussi les rêves ; ils forment des catégories symboliques structurant cultures et mentalités, et nous orientent vers notre évolution intérieure que Jung appelle l’individuation.
Les archétypes qui nous intéresseront pour l’étude de notre bipolarité seront essentiellement les archétypes personnels.
Ce sont ceux qui prennent la forme de ce que Jung appelle des personnages à savoir : la persona/l’ombre (partie sombre), et l’anima/animus (part de femme dans l’homme et vice versa).
- La Persona / L’ombre
La persona et l’ombre sont les pendant de ce que Freud appelait respectivement le ‘’surmoi’’ et le ‘’ça’’.
L’ombre représente la figure de l’inconscient personnel à travers les symboles du double et d’alter ego (Superman l’homme fort / Clark Ken plein de doutes). A l’instar du ‘’ça’’, il cumule tous les aspects de la personnalité qui sont refoulés et/ou ignorés, que l’éducation et la société ont refusé de mettre en avant (comme l’expression de sa sexualité ou bien l’appréciation de l’argent) ; ou bien qui constitue nos peurs les plus profondes (ce qui nous rend réellement anxieux comme le rejet, la solitude ou la mort). L’ombre représente souvent le mal dans les cultures (les riches dans robin des bois par exemple). Ce que l’on nomme les défauts, tirent souvent leur origine de la nature de l’ombre.
La confrontation avec l’ombre qui est la première phase de la thérapie jungienne est la source d’un renouvellement de la personnalité. Il ne s’agit pas d’être dans le déni de nos peurs, mais de les accepter et les intégrer.
La persona en revanche (du grec ancien qui signifie ‘’masque du comédien’’) est l’archétype qui permet le compromis entre l’individu et la société. C’est de lui que proviennent le besoin d’obéissance sociale, le mimétisme social ou encore la soumission aux normes (qui peuvent être problématique pour le développement de l’individu).
- L’anima / animus
L’un des patients de Jung a un jour rêvé d’une vulgaire femme saoule et débauchée. Dans ce rêve, on aurait dit que cette femme était son épouse bien que sa femme réelle fût totalement différente.
S’ils essayaient d’interpréter ce rêve avec la traditionnelle méthode des associations de Freud, ils seraient tombés certes sur un résultat qui n’a rien à voir avec sa femme, mais qui ne leur aurait rien appris sur la signification spéciale de ce rêve particulier.
Au Moyen-âge, bien avant que les physiologistes prouvent (en étudiant la structure des nos glandes) qu’il y a des éléments féminins et masculins dans chacun de nous, il était dit que ‘’Chaque homme porte une femme en lui’’.
C’était le cas de ce patient : sa partie féminine n’était pas agréable. Son rêve lui disait littéralement : ‘’Sur bien des aspects, tu te comporte comme une femme dépravée’’.
C’est cette partie féminine que porte tout homme que Jung appelle anima. Et la partie masculine de l’homme s’appelle animus.
Au cours de ses recherches, Jung remarque qu’ ’’il est typique (…) que les influences qu’exerce l’inconscient sur le conscient ont toujours les caractères du sexe opposé’’. Leur opposition se retrouve même selon Jung dans l’antagonisme entre la nature et l’esprit formant la base de tous les systèmes de pensée.
L’anima chez l’homme a diverse manifestation selon son état psycho-affectif : il peut quitter de femme-enfant, à mère, en passant par femme fatale, inspiratrice, sorcière, femme sauvage, etc.
Cet archétype représente la fonction de régulation avec l’inconscient chez l’homme. Ou si vous voulez, elle sert d’intermédiaire entre l’égo et l’inconscient.
Il peut se décliner en quatre niveaux de représentation, caractéristiques d’un état psycho-affectif :
- Femme primitive : Objet de désir, elle procure nourriture, sécurité et amour. Par exemple : Eve, les sirènes, ou les femmes fatales
- Femme d’action : Grande acheveur, intelligente et talentueuse. Par exemple : les amazones, ou Jeanne d’arc
- Femme de la sublimation : Juste, femme de vertu. Par exemple : la Vierge Marie
- Femme sage : Tout sauf un objet. Par exemple : la Sophia (Sagesse).
Jung a malheureusement moins étudié l’animus, mais pensait que ce dernier était plus complexe que l’anima : une femme aura plus d’images représentant l’animus, ou plutôt plusieurs personnalités faisant office de figure masculine. Mais il y a tout de même également 4 niveaux de développement parallèles de l’animus :
- Tarzan : Homme de simple force physique. Par exemple : Tarzan, Toriko, Luffy
- Byron : Homme d’action ou de romance. Par exemple : Roméo, Hugo (dans Juliette je t’aime)
- Llyod George : Homme comme professeur/orateur. Par exemple : Professeur (Casa de Papel).
- Hermès : Homme comme guide spirituel. Par exemple : Hermès dans la mythologie grecque.
Ce sont là les différents personnages qui interviennent dans notre bipolarité quotidienne : nous rêvons au moins autant de jour que de nuit. Et dans ces petits moments où nous décrochons, c’est notre deuxième ‘’moi’’ qui prend le relai.
Je me rends bien compte que tels que présentés (et vu que la société actuelle exige une cohérence de personnalité), ces personnages qui viennent d’être représentés constituent sans doute encore pour vous au mieux des conceptions de l’esprit sans réelle incidence sur votre vie (à évacuer au maximum), et au pire des caractères négatifs à supprimer complètement car ils n’ont que des ‘’défauts’’. Mais j’ai envie de vous proposer une nouvelle manière de voir cette deuxième personnalité : comme un moyen de comprendre une part de vous que vous refouliez peut-être jusqu’à présent, mais sans entrer dans aucun jugement ; car en général, malgré son caractère souvent enfantin et inadaptée à la société, elle peut être la source du déblocage de votre intuition, voir de vous rendre plus libre.
II. L’intuition
Débloquez votre intuition peut-être ce dont vous avez besoin actuellement si vous êtes présentement ou souvent dans un état de crispation.
Nous ne sommes ici ni dans l’astrologie, ni dans l’horoscope. L’intuition est une réalité que nous avons déjà tous expérimentés à divers degrés.
En effet, le mot in-tui-tion provient du latin scolastique (Intuieri) et se compose d’un préfixe ‘’in’’ qui signifie ‘’qui provient de l’intérieur’’ ; d’un radical ‘’tui’’ qui signifie ‘’qui jailli’’ ; et d’un suffixe ‘’tion’’ / ’’ri’’ qui correspond à l’extérieur. L’intuition correspond donc à ce qui jailli de l’intérieur pour donner la solution à un problème extérieur. Il s’accompagne en général de la certitude absolue en ce ressenti.
Si vous êtes Chrétien, vous avez sans doute déjà vu l’insigne INRI arborée sur la croix de Jésus. Elle signifie du dedans au dehors, rendant hommage à la déclaration de Jésus-Christ : ‘’Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; croyez du moins à cause de ces œuvres.’’ (Jean 14 : 11).
Je parle de l’intuition plus en détail dans le document : les 7 facultés mentales à développer pour mieux apprendre que vous trouverez à l’adresse : gueyordim.com/ebook-gratuit.
L’intuition est tout ce qu’il y a de plus lié avec l’inconscient.
- Le fantasme de l’intuition
Evidemment, à partir du moment où l’on sort du champ du cadre logique, toute la place est laissée à un imaginaire effréné.
Pour certains, l’intuition est un sixième sens, pour d’autres de la télépathie, pour d’autres encore un super-pouvoir.
Dans le souci de ne pas aller dans tous les sens, nous nous limiterons à penser l’intuition (comme nous le dit Henri Poincaré) comme ‘’Un éclair qui illumine la nuit, mais c’est cet éclair qui est tout’’.
La question à 1 million de dollar qui vient immédiatement est : D’où vient l’intuition ?
- D’où vient l’intuition ?
On a aujourd’hui une évidence scientifique de l’existence de l’inconscient (l’imagerie cérébrale nous dit que 5% de nos neurones servent à la vie consciente). Mais encore rien sur l’intuition.
Arrivé à ce niveau, la science est obligée de raccrocher les wagons. Il n’y a malheureusement pas de définition de l’intuition ; et donc on ne peut pas faire d’hypothèse précise et réfutable (c’est la base même de la démarche scientifique).
Mais j’ai envie de dire tant mieux ! Ce serait une erreur de donner à la science plus de crédit qu’il n’en faut ; après tout, elle n’est là que pour étudier le vivant : ce qui est matière, substance et organicité. Rien de plus, rien de moins. Fuyons la tentation de travestir la science pour qu’elle justifie nos croyances et nos choix de vie. La science n’a jamais été là pour remplacer ou justifier la religion et/ou la philosophie !
Ainsi, pour essayer d’appréhender le concept d’intuition, je vous propose d’imiter la démarche pédagogique de Jésus Christ lorsqu’il expliquait aux foules le Royaume des cieux à savoir : l’utilisation des paraboles / allégories.
Nous pouvons dire que l’intuition proviendrais de notre monde intérieur.
Le monde intérieur serait l’ombre du monde de la réalité : cette partie qui serait responsable de l’activation des 95% de nos neurones qui sortent du champ de la conscience : le monde de l’inconscience que Bergson considérait comme la forme de conscience lorsqu’elle est tournée vers l’intériorité.
Ce monde intérieur n’existe que parce que le monde réel existe et vice versa ; tout comme il n’y a pas de lumière sans ombre et vice versa.
Evidement, vu que ce n’est pas le monde de la réalité, on n’a pas de moyen de le représenter ; mais c’est bien le IN d’où viendrait l’intuition.
- Le lien entre l’inconscient et l’intuition
Pour ne pas citer Jung s’exprimant sur les petites manifestations qui émergent de l’inconscient, il estimait qu’ ’’Elles sont tout à fait normales, fréquentes et même nécessaires pour nous éclairer et nous guider dans nos pensées, nos prises de décision et nos actions.’’ Carl G. Jung
‘’Nous disposons tous d’un potentiel intérieur provenant de l’inconscient. Et nous pouvons prendre conscience de ces petites manifestations intuitives, qui surgissent à la conscience, car elles répondent toujours à un besoin, jamais à une envie…’’ Bernard Michel Boissier.
La grande idée c’est ce que les archétypes qui assurent l’intermédiaire entre notre inconscient et nous sont les médiateurs de ces intuitions. En apprenant à les écouter et à les comprendre, on pourra discerner plus facilement ces intuitions.
III. Comment mettre en application ces concepts
Cette dernière section sera beaucoup plus concrète que tout ce qui a été dit précédemment. Vous avez peut-être la sensation que vous venez de prendre une claque, et ne savez pas où donner des yeux de la tête ; et c’est normal.
Concrètement, si je ne devais donner qu’une morale à cette histoire, ce serait : Pour développer son intuition, il faut comprendre et intégrer cette deuxième personnalité.
Et pratiquement, Jung propose de le faire en travaillant sur les trois couches de notre psyché à savoir : notre conscience, notre inconscient personnel et notre inconscient collectif.
- Notre égo est notre ennemi
L’égo c’est ce dont nous avons conscience sur nous. Il agit comme filtre de nos expériences personnelles : il décide desquelles doivent être gardées dans la conscience, et desquelles doivent être ignorées (on dit aussi refoulées). Par exemple, un don man qui ressentirait de la tristesse devant un film.
Le problème, c’est que décider de ne pas se souvenir d’une expérience, ce n’est pas l’oublier ; mais plutôt déplacer les informations vers une couche plus basse : l’inconscient personnel.
C’est pourquoi l’image que nous nous faisons de nous n’est qu’une pièce de notre individualité : en général celle qui semble plus politiquement correcte à présenter. Mais l’égo en lui-même n’est rien d’autre que l’esclave de cet inconscient personnel.
C’est dans cette optique que Jung propose de creuser aussi dans l’inconscient pour : Au lieu de réprimer des souvenir, les faire au contraire émerger de sorte à intégrer cette totalité : ‘’L’idée n’est pas de rechercher la perfection, mais plutôt la totalité’’ Jung.
- Vaincre nos peurs
C’est facile de parler d’un archétype tel que l’ombre. Vous pouvez sans doute en parler pendant des heures non-stop, et éventuellement prodiguer des conseils ; en revanche se confronter réellement à elle, c’est une tout autre affaire…
L’archétype de l’ombre, c’est en réalité l’ensemble des raisons qui vous poussent à agir ; raisons que vous ignorez sans doute. La première étape de la psychanalyse jungienne c’est donc de révéler au grand jour cette ombre pour pouvoir la mettre à jour (la bonne nouvelle c’est que l’ombre peut évoluer).
L’ombre se renforce à chaque fois que l’on se confronte à la contradiction. Par exemple, lorsque vous acceptez de participer à une fête alors que vous n’en avez aucune envie juste pour ne pas perturber l’ordre social établi.
Evidemment, on ne peut pas combattre un ennemi invisible. Il faut donc au préalable pouvoir identifier les différents traits que recouvre votre ombre à l’heure actuelle.
Le problème c’est que c’est difficile vu que ces traits sont dans l’inconscient justement.
Heureusement Jung (Et oui, encore lui…) fait une remarque qui peut nous aider dans ce sens : Il remarque que la plupart des gens projettent sur les autres leurs propres défauts qu’ils refusent de voir en eux même.
Et donc, nous pouvons mieux nous connaitre par le biais de ce que nous reprochons aux autres ! Je sais, c’est difficile à entendre ; et peut être certains vont m’insulter en commentaire, mais je ne cherche pas à plaire à quelqu’un si vous avez remarqué.
La réalité c’est que ce qui nous choque, nous irrite, nous insupporte chez les autres nous parle en fait de ce que nous refusons en nous-même.
L’orgueil des autres nous touche parce que nous refusons notre propre orgueil ; les débauches sexuelles des autres nous touchent parce que nous nions notre propre débauche ; la jalousie des autres nous touche parce que nous rejetons notre propre jalousie.
Et c’est comme cela que nous bâtissons autour de nous un écosystème de personnes qui n’ont que les défauts que nous projetons sur eux sans pouvoir rien voir d’autre ; et je me dis que c’est pour cela qu’il est si difficile d’être prophète chez soi.
Jung dit : ‘’Il arrive souvent que nous ayons un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, dont nous le chargeons gratuitement, qui, à nos yeux, la porte comme si elle était sienne, et auquel en incombe, l’entière responsabilité ; c’est notre bête noire, que nous vilipendons et à laquelle nous reprochons tous les défauts. Toutes les noirceurs et tous les vices qui nous appartiennent en propre ! Nous devrions endosser une bonne part des reproches dont nous accablons autrui ! Au lieu de cela, nous agissons comme s’il nous était possible, ainsi, de nous libérer de notre ombre ; c’est l’éternelle histoire de la paille et de la poutre’’.
Je suis tenté d’ajouter que c’est la même histoire que raconte l’épisode : ‘’Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre’’ (Jean 8,7).
Sans doute en lisant cette citation, vous avez pensé à quelqu’un en particulier, et vous vous êtes dit : ‘’Mais je sais qu’il a réellement tous ces défauts !’’. Et c’est tout le principe : nous n’avons pas conscience de ce qui est inconscient jusqu’à ce que nous l’intégrions complètement ; et c’est pour cela que cette projection que nous faisons sur les autres apparait comme une réalité.
Par contre, si vous voulez être maître de cette ombre, vous pouvez commencer par la dissocier des traits réels de ceux qui vous entourent pour dompter les défaites passées qui ont donné naissance à cette ombre (par exemple en cherchant les qualités réelles de vos proches).
Grandir ; se demander pourquoi on aime ceci et on détester cela.
A ce niveau, il faut être vraiment le plus honnête possible avec soi-même ; Et plonger dans ses souvenirs pour ressortir les évènements qui ont donné naissance à cette ombre.
Le but ici n’est pas de fuir, mais de pouvoir regarder à nouveau ces souvenirs, mais sans ce sentiment de défaite.
Mentir (et ainsi mettre le masque social) rend faible ; par contre l’honnêteté, et par suite la vulnérabilité rend plus fort.
Et paradoxalement, plus on accepte nos défauts, plus les autres auront tendance à nous penser parfait ; pendant que plus on veut sembler parfait, moins les autres auront tendance à nous trouver authentiques. Et même chez les animaux cela s’observe : Si vous approchez un cheval en refoulant vos peurs, le cheval se méfiera ; mais si vous l’approchez en les assumant (pas les éliminant, si était que ce fusse possible) alors le cheval vous accueillera tranquillement. De même que les chiens méchants savent qui a réellement peur d’eux.
C’est pour cela que plus quelqu’un a un masque social fort (un Jean la morale qui donne l’impression d’être parfait, vertueux, qui juge à gauche à droite), plus il aura tendance à avoir une ombre très forte également.
- Devenir un vrai bonhomme et une vraie dame
A ce niveau, nous ne sommes plus dans la dimension morale. Je parlerai donc des contenus pour adultes et de la sexualisation du cinéma dans cette section uniquement sous un angle pédagogique.
D’abord, c’est quoi l’inconscient collectif ?
Il est facile de prendre ce terme comme une entité abstraite flottant quelque part et existant à l’extérieur de l’espace et du temps.
En réalité, on pourrait plutôt le penser comme la couche inconsciente la plus profonde de notre esprit avec laquelle nous avons été livré, et qui nous manipule pour effectuer toute sorte de tâches si fondamentales et si essentielles qu’il n’y ait pas besoin de consulter la conscience avant de les exécuter.
Par exemple : L’attirance physique (pour la reproduction) ; la reconnaissance de la nourriture (pour la survie) ; la respiration (ce serait dommage d’oublier de respirer). (P.S : Pour les spécialistes, quand Jung parle d’inconscient collectif sa base n’est pas la dangereuse théorie des évolutions des espèces).
C’est juste pour dire que l’attirance à l’endroit du sexe opposé est totalement physiologique, ancré en nous et encore pire est logée dans la couche la plus profonde de notre psyché :
L’égo est à la première couche (conscient) ; l’ombre est à la deuxième couche (inconscient personnel) ; mais anima/animus (femme dans l’homme et vice versa) est dans la troisième couche : la couche la plus profonde (l’inconscient collectif).
On n’a même pas besoin de Jung pour s’en rendre compte, il suffit de regarder le style de contenu facilement partagé sur les réseaux sociaux. C’est presque toujours un Screenshot d’une discussion entre un homme et une femme.
Et c’est parce que anima/animus est si profond que son évocation ne passe même pas par des processus conscients ; et ils sont donc autant utilisés par l’industrie (ça vend!). Si nous devons évaluer rationnellement la valeur de produits avant de les acheter, la plupart des marques de luxe n’existeraient pas. Les publicités sont donc intentionnellement écrites pour parler directement à cette partie de notre psyché.
Prenez une pub de la marque de parfum pour homme Axe par exemple : Un homme viril au milieu de la plage qui marche, à un moment, il s’asperge d’axe, et une armée de femme bien féminines lui courent après. Ensuite il est écrit : ‘’Axe, retrouvez votre virilité’’.
Bien sûr, de base ce concept semble ridicule ; mais ça marche parce que ça parle directement à une partie de notre psyché auquel le conscient n’a pas accès.
Le problème c’est que cette culture est venue perturber notre représentation de la féminité/masculinité avec un modèle figé : celui des actrices et acteurs du cinéma ; nous éloignant alors potentiellement de la représentation d’anima/animus pouvant nous guider vers notre développement intuitif.
Sinon, comment expliquer qu’on ne cesse de critiquer le cinéma, mais on regarde quand même… On critique le journal, mais on est abonnés… On se moque des intervenants d’un débat qu’on suit avec l’attention d’un match de foot. C’est parce que cela nous parle intérieurement.
Il faut donc tâcher à garder une image saine et se préserver des influences extérieures qui pourraient corrompre cet archétype (pubs, contenus pour adultes, Novelas : version pour les femmes des contenus pour adultes, applications de rencontre).
Lorsqu’une femme prend conscience de son animus, elle comprend ces schémas, et les intègre. L’animus devient alors un compagnon intérieur transmettant les qualités d’initiative, de courage, d’objectivité et de sagesse spirituelle. Cet archétype se manifeste tout au long de sa vie : projeté inconsciemment sur des personnes du sexe opposé auxquelles sont alors prêtées les caractéristiques de son animus.
Pour un homme, en évitant de s’exposer à des schémas de représentation artificiels, corrompus et exagérés ; et en au contraire s’exposant à l’image de la femme naturellement ancrée en lui ; il fait un pas de géant vers qui il est vraiment. Il se guérit des folies des illusions et comportement malsains accompagnant cette fausse représentation médiatique ; et c’est comme cela qu’il pourra s’ouvrir plus facilement à son intuition dont l’anima est la gardienne.
Seulement, Jung met en garde de ne pas laisser l’anima/animus prendre le contrôle et envahir psychiquement le conscient. Auquel cas, la féminité de l’homme prendra le dessus et vice versa.
- Aller plus loin
C’est toujours intéressant d’étudier les concepts du fond de notre intériorité qui nous guide telle une main invisible dans la plupart de nos actes. Seulement, même si vous devenez plus intuitifs au quotidien, il n’est pas dit que ce soit la solution à tous vos problèmes.
Si vous n’arrivez jamais à terminer des projets à temps, ou bien si procrastinez régulièrement, je vous propose de visiter notre site gueyordim.com dont l’unique but est d’utiliser notre mécanisme naturel de fonctionnement (conscient et non conscient), pour bâtir une machine de travail qui s’assure pour vous que chaque jour vous évoluez vers vos objectifs.
A bientôt !