La signature de ce protocole d’accord lance formellement la coopération sécuritaire « sous tous ses aspects », notamment le planning opérationnel, les achats, la recherche et le développement entre autres, entre les deux pays, un an à peine après la normalisation de leurs relations, face aux « menaces et défis dans la région », selon la partie israélienne.
Benny Gantz, un ancien chef de l’armée israélienne, a été reçu en début de matinée par le ministre délégué chargé de l’administration de la Défense nationale marocaine, Abdellatif Loudiyi.
Le Maroc et Israël avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990 avant que le Maroc n’y mette fin au début de la Seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.
Désormais alliés dans un contexte régional tendu, ils ont renoué des relations en décembre 2020 dans le cadre des « Accords d’Abraham », processus de normalisation des relations entre l’Etat hébreu et des pays arabes soutenu par l’administration de l’ex-président américain Donald Trump.
Un an à peine après la normalisation des relations diplomatiques entre les deux États, cet accord lance formellement leur coopération sécuritaire. Un tel réchauffement des relations entre les États hébreu et chérifien risque d’attiser la tension qui existe déjà dans la région puisque Alger voit cela d’un très mauvais œil et ce, pour plusieurs raisons.
Il convient tout d’abord de signaler que le rétablissement des relations entre Israël et le Maroc s’est fait en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du royaume chérifien sur le territoire disputé du Sahara occidental. Cet échange de bons procédés a été très mal accueilli par Alger qui soutient les indépendantistes sahraouis. Ensuite, l’Algérie apporte un soutien sans faille à la cause palestinienne depuis des décennies.
Pour Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, la visite de M. Gantz au Maroc en pleine tension entre les deux frères ennemis du Maghreb ne saurait être une pure coïncidence.
« Il est possible que dans un contexte de tension Algérie/Maroc, les Marocains désirent montrer au monde à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l’Occident qu’ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique », souligne M. Maddy-Weitzman.
Bruce Maddy-Weitzman laisse ainsi sous-entendre que bien que la visite du ministre de la Défense israélien puisse renforcer les relations entre Rabat et Alger, elle risque de refroidir davantage celles du Maroc et de l’Algérie, qui sont rompues depuis août dernier.