Indaba est une communauté de plus de 400 chercheurs africains en intelligence artificielle qui se réunit tous les ans pour travailler sur des chantiers communs. Elle planche entre autres sur la mise au point d’un modèle de langage alternatif à celui qui a permis la naissance du robot conversationnel ChatGPT. En s’appuyant sur les 2 000 langues du continent, il pourrait être plus riche que son équivalent américain.
Aussi, permettre à des chercheurs africains de créer et de faire grandir des startups en intelligence artificielle aptes à résoudre les problèmes du continent. Voici l’idée de Lelapa (« maison », en setswana), une initiative que l’on doit à une poignée d’experts en data science, comme Pelonomi Moiloa, diplômée de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, ou encore Jade Abbott, chercheuse à l’université de Pretoria, en Afrique du Sud.
« Je suis persuadé que la tech africaine peut créer des géants et que, en permettant aux entrepreneurs ayant réussi de réinvestir sur place, elle contribue à créer un cercle vertueux comparable à celui de la Silicon Valley », explique Karim Beguir, un polytechnicien franco-tunisien diplômé de l’université de New York qui a fait grandir à Tunis, Londres et Paris la startup InstaDeep, récemment revendue à 680 millions de dollars à l’entreprise allemande BioNTech.
L’Afrique compte des talents capables de faire des choses extraordinaires en santé, en agriculture ou encore en éducation. Par ailleurs, la communauté Indaba, soutient Masakhane (« nous construisons ensemble », en zoulou), la création d’un modèle de langue comparable à celui qui permet le fonctionnement de ChatGPT.
Masakhane ambitionne, en effet, de permettre la traduction automatique de plus de 2 000 langues africaines dont certaines sont très peu parlées, comme le pidgin, dialecte nigérian, le logba au Togo ou encore le poko au Cameroun.
Ces langues ont toutes leurs particularités à l’instar du yoruba, pratiqué, entre autres, au Niger, bien différent de l’igbo utilisé au Bénin et au Togo. Mieux connaître leur histoire et leur tonalité permettra d’avoir des programmes informatiques à la fois plus riches et plus fins.
Cet engagement rejoint celui du chercheur Moustapha Cissé, qui a fondé le centre de recherche de Google en intelligence artificielle à Accra, au Ghana, avec autant d’ambition que les antennes de Zurich et de Tokyo. En ouvrant un master en intelligence artificielle au sein de l’Institut africain des sciences mathématiques (Aims), le chercheur souhaite développer un endroit où s’épanouissent les têtes chercheuses du continent africain.