Selon les autorités, certains des tueurs présumés arrêtés ont avoué s’être inspirés de ces scènes de films rituels. Ainsi, depuis février 2022, les autorités nigérianes imposent des critères plus stricts pour obtenir une licence de film. D’ailleurs, depuis lors, des scripts passent à la loupe et l’industrie de Nollywood fait l’objet d’une surveillance accrue de la Commission de censure.
« Nous regardons le caractère artistique du film sans le dénaturer, de quoi parle-t-il et qu’est-ce qu’il reflète de la société. Nous vérifions que le film contient des scènes de représailles quand quelqu’un commet un crime rituel et qu’il y a des sanctions. Nous avons un sérieux problème aujourd’hui car les jeunes pensent que ce genre de pratique est un moyen de s’enrichir rapidement », a déclaré Bukki Agbaminoja qui est chargée de la direction de la commission de censure à Lagos pour qui le but est de protéger les jeunes spectateurs.
Les autorités du pays le plus peuplé d’Afrique, sont conscientes des conséquences de ces films surtout avec la pléthore d’informations rapportées chaque jour par tel ou tel autre quotidien, mentionnant le nombre de corps retrouvés démembrés, les organes vitaux dérobés avec pour principal responsable, l’industrie cinématographique.
Cependant selon certains, censurer Nollywood ne mettra pas fin aux meurtres rituels. Confidence McHarry, analyste au cabinet de conseil en sécurité SBM intelligence, laisse d’ailleurs entendre que « Vous ne pouvez pas légiférer ainsi, car c’est un problème économique : les meurtres rituels ont commencé dans les années 80/ 90 avec la hausse de la pauvreté. Si vous voulez protéger les jeunes, il faut redresser l’économie du Nigeria ».
Confidence McHarry pense en outre que cette tournure des évènements est à mettre à l’actif de l’inaction de la police. « De nombreuses jeunes filles qui sont enlevées et utilisées pour des rituels disparaissent sans que les forces de l’ordre ne fassent quoi que ce soit. La seule fois où un tueur est arrêté, c’est lorsqu’il est retrouvé en possession des organes, mais à ce moment là, il est déjà trop tard ».
Dans les chaumières, l’interdiction de ces films montrant des scènes de meurtres rituels ne fait pas l’unanimité à Nollywood d’autant plus que la deuxième industrie du cinéma au monde a toujours traité des sujets de société et dès ses débuts dans les années 80 avec le film phare Living in Bondage.
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Face à cette interdiction, de nombreux cinéastes sont aux abois et c’est le cas de Usman Uzee et certaines de ses confrères, qui ne comprennent pas cette mesure. « Nous voulons raconter ce qui se passe au Nigeria, étant donné que la plupart de mes films montrent la réalité, je fais partie des gens qui ont été touchés par cette interdiction. J’aimerais que le gouvernement comprenne que nous pouvons raconter nos histoires à travers les films pour équilibrer les choses. C’est comme si on disait que les films américains étaient à l’origine de vols ou de crimes aux États-Unis.Les films sont là pour dépeindre ce qui se passe dans la société, on ne peut pas continuer à mentir. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : les meurtres rituels existent parce qu’il y a beaucoup de pauvreté dans la société, la jeune génération est lésée et n’a pas de travail. Tout ce que nous essayons de faire, c’est de raconter nos propres histoires en utilisant l’exemple des rituels.
Combien sommes-nous? Près de 200 millions de personnes. Est-ce que ça veut dire que ces millions de personnes regardant des films nigérians vont être poussés à commettre des meurtres rituels? Je ne crois pas et refuse de le croire ».
Au delà de tout c’est le Nigeria qui doit savoir ce qui est bien et nécessaire pour sont peuple. C’est connu de tous, les films, séries télévisées et bien d’autres encore influencent positivement ou négativement le comportement social. Ainsi il est de bon ton d’opérer la censure pour ne pas laisser passer le mauvais produit.