Suite à la victoire de sa sélection masculine de basket samedi 2 septembre 2023 face à l’Angola (101-79) faisant suite à celle obtenue plus tôt face aux Philippines (87-68), l’équipe du Soudan du Sud décroche son ticket pour les Jeux Olympiques (JO) 2024 à Paris.
Une performance plutôt exceptionnelle des Bright stars dont le prestige ne cesse d’impressionner les amateurs mondiaux de ce sport.
Ce succès face à l’Angola qui laissait paraître tout le potentiel du basket africain a fait une scène de joie dans tout le pays plus précisément dans la ville de Juba.
Ayant assisté à ce torrent de joie dans la capitale sud soudanaise, l’italien Stefano Cusin, sélectionneur de l’équipe masculine de football a pu mesurer l’enthousiasme généré par cette qualification pour les JO.
« Les gens sont sortis dans les rues, ils ont dansé, chanté, il y a beaucoup de fierté de joie. Pour eux, c’est important de voir que leur pays peut gagner alors qu’on n’en parle pas toujours de manière positive », affirme-t-il.
Cependant lors du premier tour de cette Coupe du Monde, le chemin n’a pas toujours été parsemé de rose pour la sélection sud soudanaise. Bien que battu par le Porto Rico (96-101) et la Serbie (83-115) deux nations qui lui sont largement supérieures, les Bright Stars ont tout de même su conquérir le cœur du public en s’imposant largement contre la Chine (89-69).
« Je ne suis pas étonné par leur progression car les joueurs évoluent dans de grandes équipes en Europe et en Amérique, donc dans des ligues de haut niveau », affirme le sénégalais Cheikh Sarr sélectionneur de l’équipe rwandaise avec laquelle il a affronté les Bright Stars lors des qualifications du mondial.
Des chocs dramatiques.
Depuis son arrivée en tant que sélectionneur des Bright Stars en 2021, Royal Ivey ancien joueur de Houston Rockets en NBA ne peut que s’appuyer sur des pépites évoluant à l’extérieur en raison de la précarité du championnat local et un manque criarde d’infrastructures adéquates.
Le pays qui, après une longue lutte acharnée pour son indépendance contre le pouvoir central soudanais, est composé d’un grand nombre de joueurs qui a connu des histoires personnelles assez dramatiques.
C’est ainsi que Peter Jok a perdu son père, général dans l’armée de libération des peuples du Soudan (SPLA) ainsi que son grand père tous deux tués lors du conflit contre Khartoum. Nuni Omot lui est né dans un camp après avoir fui Bor sa ville d’origine à l’âge de 08 ans.
« Cette équipe parle aux Sud Soudanais, car, beaucoup de ces joueurs ont dû quitter le pays avec leurs familles pour échapper à la guerre. Ici, de nombreuses familles ont connu cela », reprend stefano Cusin.
En outre, ne se limitant pas aux simples extrémités, la fédération sud soudanaise de basket a su convaincre l’américain Carlik Jones sous contrat avec les Chicago Bulls de prendre la nationalité du pays.
Lors de la Coupe du Monde, le meneur de jeu des Chicago Bulls a été un grand atout lors de la qualification des Bright Stars pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
« Cela fait plus de deux ans que Royal Ivey s’appuie sur la même base de joueurs. On voit que c’est un collectif bien rodé avec un jeu réfléchi une défense agressive un bon niveau athlétique, observe Cheikh Sarr. Bien sûr, le Soudan du Sud a ses défauts, fait parfois preuve de naïveté, mais sa progression est assez incroyable. »
Le Soudan du Sud qui a rejoint la fédération internationale de basketball (FIBA) en 2013 a été épaulé par Luol Deng président de la fédération depuis 2019, qui n’a point cessé de les accompagner avec des investissements permanents.
Né à Wau, ancien joueur de Chicago Bulls bien qu’ayant porté le maillot britannique a toujours été attaché de près ou de loin à ses racines.
Son aura, son charisme et son expérience lui ont permis de convaincre certains jeunes talents d’origine sud soudanaise de jouer pour les Bright Stars et à su trouver les ressources nécessaires auprès du gouvernement pour permettre à sa sélection de participer au mondial.
Pour Emmanuel Mavomo, ancien sélectionneur de l’Angola puis de la RDC, rien ne peut lui faire abstraction.
« Il y a un projet olympique depuis quatre ans le Soudan du Sud est aujourd’hui au dessus du lot en Afrique et cela devrait durer car il a beaucoup avancé alors que les autres pays ont régressé. Luol Deng et Royal Ivey qui ont la mentalité de la NBA y sont pour beaucoup », affirme-t-il.
Le Soudan du Sud ouvre le chemin d’un prestigieux avenir dans le domaine du sport plus précisément le basket. Une sorte de chemin vers une reconnaissance de l’Afrique au niveau international.
Par Laurenzo TOUM (Stagiaire)