Au milieu d’un attroupement de badauds en pleine rue, on peut bien apercevoir un ring de boxe bien en place à Bokum, un quartier populaire d’Accra célèbre pour ses champions de boxe. C’est d’ailleurs ce qui enlève du spectacle le caractère d’inhabituel.
Cependant pour cette fois l’on peut constater que toutes les pugilistes engagées dans les combats sont des femmes.
Il s’agit en réalité d’un tournoi social organisé par la Fédération régionale de boxe dans le cadre de la lutte contre les grossesses précoces.
La fin de chaque combat est accompagnée d’une prise de parole. Chaque boxeuse est invitée à prendre le micro pour partager leur expérience, explique Sarah Lotus Asare, travailleuse sociale et co-organisatrice du tournoi.
« Les grossesses précoces sont un phénomène très répandu dans le quartier où nous nous trouvons et dans les quartiers voisins. Les filles et les femmes qui se battent aujourd’hui sont directement concernées, elles ont toutes vu des grossesses précoces dans leur entourage proche. Elles sont donc bien placées pour s’exprimer sur le sujet. »
Ce phénomène au Ghana mérite une attention particulière lorsqu’on sait que les grossesses précoces se comptent parmi les filles d’au moins 11 ans. Elles étaient d’ailleurs les premières à monter sur le ring juste avant les adolescentes.
Plusieurs d’entre elles ambitionnent de devenir professionnelles. C’est le cas pour Mary Toshie, 16 ans. « Je ne veux pas tomber enceinte maintenant. Je sais que ce n’est pas comme ça que je vais m’en sortir, mais grâce à la boxe. La boxe me donne un but, une raison de m’accrocher, un futur. Et s’il y a des hommes qui veulent me prendre de force, maintenant, je sais me défendre. »
Pour cette soirée, les projecteurs étaient braqués sur Priscilla Toffah, la star du tournoi. La cause, à 23 ans, la jeune femme a déjà gouté aux délices de l’international, elle qui a défendu les couleurs du Ghana à ce niveau et a récemment été recrutée par l’armée pour ses talents de boxeuse.
Et cette carrière ne peut que faire rêver plusieurs générations présentes au tournoi.
« Je veux être vue comme un modèle par les petites filles. Si la boxe m’a permis de rejoindre l’armée, ça veut dire qu’elles peuvent le faire aussi. Je pense que la cause principale des grossesses précoces, c’est le manque de repères parentaux. C’est pour ça qu’elles ont besoin de modèles comme nous au sein de la communauté pour les encourager. »
Signalons que le tournoi est en cours et met en compétition quinze boxeuses. Ces dernières s’affronteront au cours de cette compétition, soit presque la totalité des boxeuses d’Accra.
La Fédération de boxe espère recruter plus de jeunes femmes à l’horizon des Jeux africains 2023 pour espérer voir un jour les Ghanéennes briller sur le ring tout comme leurs homologues masculins.